Chaque Terre a son Histoire

Auteur :Akhésa
E-mail : Akhesa_fr@hotmail.com
Résumé : Une autre réalité alternée vient se mêler à celle de nos
héros...
Spoiler : Principalement « De l’autre côté du miroir », mais aussi
toute la saison 3 et la 4
Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, et vous
connaissez la suite...
Pour Cae, qui « adore les réalités alternée » J
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Base du SGC

Le briefing venait tout juste de se terminer. La seule chose que le colonel
O’Neill avait retenu, était que le général lui accordait, ainsi
qu’à son équipe, une semaine de vacances. Teal’c demanda la
permission de se rendre sur la terre de lumière pour visiter sa famille,
avant même que Jack n’ait une chance de l’inviter à aller pêcher
avec lui. Le colonel se tourna donc vers son major, un sourire aux lèvres.
« Alors, Carter, cette partie de pêche à laquelle vous tenez vraiment à
m’inviter tient toujours ? »
« En fait, mon colonel... »
Elle n’eut pas le temps d’aller plus loin : les alarmes
annonçaient un intrus au niveau 18. D’un même mouvement, ils se
précipitèrent vers l’ascenseur. Des soldats courraient dans tous les
sens.
« Je vous parie que nos vacances vont encore sauter, dit Jack. »
Ils émergèrent au niveau 18, et suivirent les soldats. Dans
l’entrepôt, ils stoppèrent net : des soldats tenaient en joue une
jeune femme aux cheveux blonds coupés au carré au niveau des épaules. Elle
vit Sam et Jack et soupira :
« Dieu merci ! »
« Soldat, baissez vos armes, ordonna Jack. Carter ? »
Son second était hypnotisé par la jeune femme : son double, en fait,
Samantha Carter.
« Docteur Carter ? »
« Oui. Je viens d’une réalité alternée et... »
« Et vous n’êtes pas le docteur Carter que nous avons déjà rencontré,
fit Jack. »
« Vous avez déjà eu affaire aux autres réalités ? »
« Hélas, oui. Venez avec nous, vous nous raconterez votre histoire en salle
de briefing, avec les autres ; on ira sauver votre monde un peu plus tard.
»
Un peu ahurie, elle suivi son double et le colonel O’Neill. Comme à
chaque fois, c’était douloureux pour elle de les voir ensemble.

Salle de briefing. A peine sortis d’une réunion, SG1 était de nouveau
réuni. Le général Hammond n’était pas ravi de cette nouvelle
confrontation avec un autre monde, mais il n’avait pas eu le droit de
détruire le miroir comme il l’avait souhaité au début et s’était
résigné à voir apparaître, un jour ou l’autre, des visiteurs de ces
réalités alternatives. Il dévisageait la nouvelle venue : indubitablement
Sam Carter, mais les cheveux un peu plus longs, le visage émacié.
« Bien, madame, si vous vouliez nous dire ce que vous faites ici... »
« Je suis donc le docteur Samantha Carter, comme vous pouvez le deviner. Je
viens d’un autre monde. Je... je suis en fait à la recherche
d’un univers qui pourrait m’accueillir. »
« Les Goa’uld ont investi l’espace chez vous ? supposa Daniel. »
« Euh... oui... »
« Nous pouvons éventuellement vous aider, dit Sam. Nous l’avons déjà
fait. Il nous suffit de nous mettre en contact avec une race d’alien
appelée les Asgard, dans votre réalité. »
« Le major Carter a raison, ils en ont une peur bleue, fit Jack en souriant.
»
« Major ? Vous êtes dans l’armée ? »
« Oui. »
Pour la première fois, un sourire éclaira le visage de la visiteuse. Puis,
se tournant vers Jack, elle dit :
« Malheureusement... je suis la dernière survivante de mon monde.
J’ai emprunté le miroir au dernier moment. »
« Ah... désolé, dit Daniel. »
« Mais vous ne pouvez pas rester dans notre univers, ajouta Sam. A cause des
risques de l’entropie en cascade. »
« Je sais que ce risque existe. Mais vous n’êtes pas la première
réalité alternée que je visite. En fait, il s’agit de mon sixième
monde. Et dans le précédent, avec mon double et Janet Fraiser, nous avons
réussi à mettre au point un vaccin contre l’entropie. »
« C’est impossible, théoriquement, c’est incurable. »
« Je sais. Mais nous avons fait l’impossible. »
« Ce qui amène à poser une question, dit Teal’c. Pourquoi
n’êtes-vous pas restée dans ce monde ? »
« Il ne me convenait pas. »
Jack leva un sourcil l’air de dire : comment ça ? Mais elle lui
répondit par un sourire radieux.
« Mon métabolisme était un peu différent de celui des gens de cette Terre.
Je ne vais pas te noyer sous des tonnes d’explications scientifiques,
Jack, je les réserverais au major Carter. »
« Très bien. Rédigez un rapport, Docteur Carter. Je le transmettrais au
Président, et nous verrons si vous pouvez rester. Major, veuillez conduire
le docteur Carter à ses quartiers et en apprendre plus sur le vaccin et les
différences qu’elle a pu rencontrer sur le précédent monde. »
« A vos ordres, mon général. »
Quelque chose gênait Sam. Elle se connaissait par coeur, et savait quand
elle mentait. Or, son double mentait quelque part, elle en était certaine.

Les vacances de SG1 avaient été ajournées le temps que le président soit mit
au courant et qu’il rende son verdict. Samantha avait déjà reçu la
visite de tous les membres de l’équipe. Elle se sentait bien dans ce
monde. Quelque chose lui disait qu’il était le plus adapté. Jack était
là... Elle avait passé une bonne partie de l’après-midi à rire de
ses boutades, comme au bon vieux temps. Tout le monde l’avait
accueillie comme une amie. Il n’y avait que son double qui était
réticente, mais elle la comprenait assez, finalement.
Le Président demanda à avoir une semaine de réflexion ; cela permettait en
même temps de vérifier que l’entropie en cascade ne se déclencherait
pas. Le Docteur Samantha Carter avait le droit de travailler en laboratoire,
mais la salle de la Porte lui était interdite, pour des raisons de sécurité.
Elle eut accès aux dossiers de missions de SG1, l’équipe dont elle
avait fait partie dans sa réalité. Elle avait appris aux autres que chez
elle, le programme n’existait que depuis deux ans. Teal’c
n’avait pas rejoint leurs rangs, mais Daniel avait eu le même rôle.
« Dans les deux réalités auxquelles nous avons été confrontée, Jack et vous
aviez une relation très... intime, dit Daniel. C’était le cas,
chez vous ? »
Le regard de la jeune femme se voilà et des larmes montèrent à ses yeux.
Elle hocha la tête en signe d’approbation et personne ne remarqua la
gêne des deux officiers de SG1, présents dans la salle et qui maudissaient
Daniel en leur for intérieur.
« Nous étions... ensemble, expliqua t-elle. »
« Je suis désolé d’avoir été aussi maladroit, s’excusa Daniel. »
« Non, ce n’est rien... ça me rappelle votre double. » Elle lui
fit un petit sourire. « D’ailleurs, de tous les mondes que j’ai
visité, celui-ci est le seul où Jack et moi, je veux dire Jack et Sam ne
sont pas ensemble.
« Nous sommes militaires, dans ce monde, rappela Jack d’une voix
sèche. »
Il y eut un silence gêné, puis Sam se leva sous prétexte d’avoir un
rapport à finir.

Au bout de deux jours, Jack et Samantha étaient devenus très proches. Ils
passaient beaucoup de temps ensemble, au grand dam de Sam. Et plus le temps
passait, plus cette relation semblait aller en profondeur. Dès que le
Président donna son accord, la jeune femme fut intégrée à SG1. Daniel,
Teal’c et Sam constatèrent que le colonel et Samantha se tutoyaient et
que leur complicité était vraiment étonnante. Samantha avait repris du poids
et des couleurs. Ses yeux avaient retrouvé un peu de leur vivacité. Quant à
Sam, elle avait l’impression d’avoir disparu pour son supérieur.
Mais elle se dit qu’elle se faisait des idées, et qu’il fallait
comprendre son double, qui venait de perdre tous ses proches dans la guerre
de son monde contre les Goa’uld. Mais justement, cela lui faisait peur
: et si elle se mettait en tête de remplacer son Jack par le colonel ?
Elle souffrait intérieurement, mais ne le montrait à personne. Sa jalousie
était chaque jour plus vive. Mais elle se rappelait qu’elle était
major de l’armée de l’air des Etats-Unis et qu’elle
n’avait aucun droit de se montrer jalouse des relations que pouvait
entretenir son colonel avec une autre femme. Le côté raisonnable de Sam
Carter le savait. Mais son côté sentimental le refusait. Secrètement, elle
utilisait les connaissances que Samantha lui avait donnée sur les voyages
entre les réalités alternatives pour essayer de refaire le chemin parcouru
par celle-ci.

De son côté, Jack était ravi de passer du temps avec Samantha. Bizarrement,
il avait l’impression d’être plus proche d’elle que de son
major. Elle avait souffert de la perte d’êtres chers, c’était
peut-être cela, le point commun. Il n’avait aucun mal à lui parler de
Charlie ; il avait été surpris de ses larmes et avait eu toutes les peines
du monde à la calmer. Elle n’arrêtait pas de lui dire à quel point
elle était désolée. Il avait été touché de sa compassion et de sa
sollicitude. Et puis, cette Sam là ne le repoussait pas. Au contraire, elle
cherchait sa présence. Et elle n’était pas militaire.
Ils étaient tous les deux au sommet de la montagne, à regarder les étoiles.
Depuis un moment, ils étaient silencieux, chacun appréciaient la présence de
l’autre. Une étoile filante passa. Ils se regardèrent, et, sans
qu’ils s’en rende compte, ils s’embrassèrent. Au même
instant, ils rompirent le baiser, se regardant intensément.
« Je suis désolé (e)... » Ils l’avaient dit en même temps. Ils se
sourirent timidement.
« Je suppose que je ne suis pas lui, c’est ça ? »
« Tout comme je ne suis pas elle, pour toi. »
Elle mit sa tête sur son épaule. « Tu sais, j’ai cherché un monde où
tu étais présent, et libre... Celui-ci semblait parfait. Mais...
c’est l’autre Jack que j’aime. »
Deux larmes s’échappèrent de ses yeux. Il enroula ses hanches de son
bras.
« Je te comprends, Samantha... Tu lui ressembles en tout, et pourtant,
tu es différente. Je ne voulais pas te blesser, je pensais vraiment
que... »
« Je sais, Jack... Tu n’as pas besoin de parler, je sais... »

Il était deux heures du matin. Sam quittait tout juste son labo. Elle avait
enfin la solution. Mais elle était trop fatiguée pour tenter
l’expérience dans l’immédiat et jugea préférable d’aller
se coucher. Elle eut la surprise de croiser son supérieur dans
l’ascenseur.
« Salut Carter. »
« Bonsoir, mon colonel. »
« On ne perd pas les mauvaise habitudes, je vois. Vous avez travaillé sur
quoi ? »
« Oh, rien d’important. Des recherches personnelles. »
« Je vois. »
« Vous ne dormez pas non plus. »
« Vous avez trouvé ça toute seule ? »
Elle rougit sous le sarcasme. Ce n’était certes pas la phrase la plus
intelligente qu’elle avait sorti de sa vie, mais il n’avait pas
à le souligner ainsi.
« J’étais avec Samantha. Je viens de la quitter, en fait. »
« Ah. »
Le pincement au coeur était presque intolérable. Non seulement il venait
de passer une partie de la nuit dans la chambre d’une autre femme,
mais il s’en vantait, alors qu’il savait les sentiments
qu’elle avait pour lui.
« Vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose de bizarre avec elle,
mon colonel ? »
« Bizarre ? Non. »
« Je ne sais pas... C’est juste une impression. »
« Elle est différente de vous, c’est certain. Mais elle n’est
pas militaire... »
La porte de l’ascenseur s’ouvrit et elle se précipita dehors.
« Bonne nuit, Carter, murmura Jack alors que la porte se refermait et
qu’elle avait déjà disparu. » Il se dit que décidément, il ne
comprendrait jamais cette femme. Il venait de lui faire un compliment à sa
façon et elle s’enfuyait comme s’il l’avait insultée.

« Goujat ! Je le déteste ! Je le déteste ! » Elle donna un coup de pied à la
porte de sa chambre, puis envoya voltiger un oreiller à travers la pièce.
Elle le savait trop bien que l’autre n’était pas militaire.
L’autre avait le droit de l’aimer. L’autre ne s’en
privait d’ailleurs pas.
« Profitez bien de votre petit docteur, Jack O’Neill, parce que je
vais découvrir ce qu’elle nous cache ! »
Elle s’endormit sur cette pensée.
Le lendemain, son équipe avait quartiers libres. Elle en profita pour mettre
son expérience au point. Elle se rendit au niveau 18 et activa le miroir
quantique, grâce à la télécommande. Elle avait pu, grâce aux explications de
son double, retrouver le monde d’où elle venait. Elle toucha le miroir
et se retrouva dans une salle identique, sans la moindre trace
d’invasion Goa’uld. Comme elle s’y attendait plus ou
moins, les alarmes se déclenchèrent, et elle fut bientôt entourée
d’une dizaine de soldats.
« Bonjour, je suis le major Carter. J’aimerai parler à votre chef. »
Elle fut conduite dans le bureau du général Hammond. Quand il la vit, il
ouvrit de grands yeux :
« Docteur Carter ! Vous êtes de retour ? »
« Bonjour, général Hammond. En fait, je suis le major Carter. Je viens
d’une autre réalité. »
« Je vois. Vous allez d’abord faire un petit tour par
l’infirmerie, major... »

Après les examens médicaux, fait par le double de Janet, elle fut escorté
par deux soldats jusqu’en salle de briefing. Le général était présent,
ainsi que Kawalski, Daniel, un homme qu’elle ne connaissait pas et le
colonel O’Neill. Celui-ci se leva d’un bond quand il la vit. Il
était pâle, et dans ses yeux, elle lut la colère et d’autres
sentiments confus.
« Mais qu’est ce qu’elle fait ici ? hurla t-il. Général, je
refuse de me trouver dans la même pièce que cette femme ! »
Elle fut choquée de son attitude.
« COLONEL ! Asseyez-vous, ordonna le général. Le major Carter nous vient
d’une réalité alternée. Et elle va nous expliquer pourquoi elle se
trouve ici. »
« Vous voulez dire que vous n’êtes pas Sam ? demanda Daniel tout en
jetant un regard inquiet à Jack. »
« Pas vraiment. En fait, je suis Sam Carter, mais dans ma réalité,
j’ai rejoint l’armée de l’air. Il y a quelques semaines,
nous avons reçu la visite d’un certain Docteur Samantha Carter, qui vit
maintenant dans notre base. »
« Vous voulez dire que notre docteur Carter est chez vous ? »
« Oui. Grâce à des travaux communs, j’ai pu retrouver le monde
d’où elle venait, et je suis venue pour... comprendre. Elle a
prétendu que son monde était sous la domination des Goa’uld. »
« Des quoi ? »
« Vous ne connaissez pas les Goa’uld ? »
« Non, fit Daniel. Qu’est ce que c’est ? »
« Dans ma réalité, c’est une race de parasites qui ont investi une
bonne partie de la galaxie. Nous nous battons contre eux depuis
l’ouverture de la Porte des Etoiles, il y a maintenant six ans...
En fait, il y a cinq ans que le SGC a rouvert ses portes, après un an
d’inactivité. »
« Notre programme n’a commencé que deux ans plus tôt, informa le
général. »
« Là-dessus, elle n’a pas menti, alors. Donc, vous n’avez pas
été envahi par vos ennemis ? »
« Non. D’ailleurs, les Tollans ont du mal à survivre dans notre
atmosphère, dit Daniel. Sam et Janet ont réussi à comprendre que leur
métabolisme était incompatible avec l’atmosphère de la Terre. »
« Les Tollans ? Chez nous, ce sont des alliés... ou plutôt,
c’était... »
« Et pourquoi êtes-vous là ? aboya Jack. »
« Je voudrais savoir pourquoi Samantha nous a menti et ce qu’elle
cherche à faire à mon univers. »
« Probablement saccager la vie des honnêtes gens. Elle est très douée, pour
ça. Mais vous devez le savoir, vous êtes elle ! »
« Colonel ! »
Sam regarda ce colonel O’Neill qui semblait la haïr profondément. Et
elle comprit : quelle que fut la raison de cette haine, son double ne
l’avait pas supporté. Samantha avait préféré trouver un univers où
Jack O’Neill ne la détestait pas. Elle-même n’aurait pas pu
supporter de voir cette lueur haineuse dans le regard de son colonel. Elle
pinça les lèvres, mal à l’aise.
« Pardon, mon général... Permission de lui parler en privé ? »
« Je ne sais pas si c’est une bonne idée, Jack, commença le général. »
« Excusez-moi, monsieur, mais je pense que c’est une excellente idée,
coupa Sam. »
Les autres, sur un signe du général se levèrent, laissant Sam et Jack seuls
dans la pièce. Il la dévisagea.
« Arrête ton cinéma, Sam. Je sais que c’est toi. Que veux-tu ? »
« Je ne suis pas votre Sam, mon colonel. Et si je suis ici, c’est
parce qu’elle est en train de... parce qu’en ce moment,
elle... en bref, il faut qu’elle revienne ici. »
« Que se passe-t-il avec elle ? demanda-t-il vivement, partagé entre
l’inquiétude et sa haine. »
« Elle me prend mon colonel, dit-elle dans un souffle. »
Il la regarda, choqué. Il voyait les différences, maintenant. Cette Sam-là
était quelque part plus forte, plus dure, mais elle se battait, elle ne
fuyait pas. Elle était venue dans ce monde sauver son amour.
« Les relations entre officiers ne sont pas interdites, dans votre monde ? »
« Elles le sont. Mais elle n’est pas militaire, je crois. »
« Je parlais de vous ! »
« Oh ! »
« Alors, elle sort avec mon double, hein ? Par charité, je devrais le
prévenir. Autant contre elle que contre vous. »
« Que s’est-il passé ? murmura t-elle. »
« Elle a tué mon fils ! »
Le choc, la stupeur, se lurent sur le visage de la jeune femme. La douleur
aussi. Il vit qu’elle ignorait tout.
« Quoi ? Comment... »
« Vous ne savez vraiment rien ? »
« Non... »
« Elle et moi avons eu une liaison dès son arrivée ici. Nous avons réussi à
le cacher. J’étais marié à Sara, mais j’étais tombé amoureux
d’elle. Je ne savais plus quoi faire... Il y a six mois, alors que
j’allais demander le divorce et parler à Sara, Charlie nous a surpris
elle et moi. Et il... il a pris la voiture, il a eu un accident
et... »
Il pleurait. Le souvenir de la mort de son fils était vivace. Pourtant, il
continua :
« Elle a tué mon fils. Si elle n’avait pas été là... Charlie
serait vivant aujourd’hui ! »
Elle comprit qu’il avait le droit de la détester à ce point. Dans ce
monde, elle était responsable de la mort de Charlie. Indirectement, mais
responsable quand même.
« On s’est disputé. Je ne pouvais plus la voir. Et un jour, elle a
disparu. »
Elle ne répondit rien. Que pouvait-elle dire ? Ils restèrent silencieux un
moment. Il fut le premier à parler.
« C’est pourquoi, le meilleur service que vous pourriez rendre à votre
colonel est de vous éloigner de lui, de ne pas briser son mariage et de
sauver la vie de son fils. »
« Il... il est mort, dans ma réalité aussi... »
Il la regarda, comme pour demander si l’histoire était la même.
« Charlie s’est tué par accident, il y a six ans, avec l’arme de
son père. Le colonel a pris sa retraite, avant que l’armée ne le
rappelle pour qu’il fasse partie de la première mission. A son retour,
Sara a demandé le divorce. Je ne l’ai rencontré qu’un an après.
»
Il pesa les paroles qu’elle venait de prononcer.
« Vous l’aimez ? »
« Il est toute ma vie... et je sais que je ne pourrais supporter de
vivre, s’il me haïssait comme vous nous haïssez, elle et moi. »
Nouveau silence. Sam elle-même devait réaliser ce qu’elle venait
d’admettre.
« Comment va-t-elle ? demanda t-il enfin. »
Elle fut surprise. Elle lui raconta l’état dans lequel était arrivé la
jeune femme, et son changement progressif.
« Elle me manque. » Elle ne sut si elle l’avait vraiment entendu ou si
elle l’avait rêvé.
« Pardon ? »
« J’ai cru la haïr. Mais quand je vous ai vue entrer, j’étais
partagé entre ma rancune et ma joie de la retrouver... Je
l’aime... J’aurais beau me persuader du contraire, je
l’aime. Il nous faudra certainement du temps pour guérir nos
blessures, mais... »
« Alors venez avec moi ! C’est à elle d’entendre tout ça. »

Le général Hammond autorisa le départ du colonel. Sam et lui traversèrent le
miroir quantique. Dès leur arrivée, Sam expliqua au général une partie de la
situation, en omettant de parler de la relation sentimentale des doubles.
Ce fut à l’infirmerie que la confrontation entre Samantha et le
colonel de sa réalité eut lieu. Hammond, fidèle à lui-même, avait ordonné un
bilan médical. Jack et Samantha, ainsi que le reste de SG1 avait entendu
parler d’un nouveau venu au SGC et s’étaient rendu à
l’infirmerie. Quand leurs yeux se croisèrent, Samantha et Jack 2 se
figèrent. La surprise et la peur se mêlèrent dans le regard de la jeune
femme. Les autres étaient surpris de la scène. Jack se rapprocha de Sam et
lui demanda à l’oreille :
« Vous savez ce qui se passe ? »
Elle hocha la tête affirmativement. Jack 2 fit quelques pas en direction de
Samantha. Lentement, il leva les mains vers elle et l’attira contre
lui, la serrant comme son bien le plus précieux. En un clin
d’oeil, ils s’embrassaient, s’excusaient mutuellement,
pleuraient, riaient, s’étreignant fortement. Hammond fit aux autres un
signe discret pour les laisser seuls et donna à un airman la consigne de les
envoyer en salle de briefing une fois qu’ils en auraient fini. SG1 le
suivit en salle de réunion.
« Major, il semblerait que vous ayez oublié de me parler de quelques
détails, dans votre précédent rapport. »
« Je ne savais pas comment cela allait se passer, mon général. »
« Vous voulez dire que vous étiez au courant, Carter ? »
« Oui, mon colonel. Je me doutais que Samantha ne nous avait pas dit toute
la vérité, et je suis allée dans sa réalité pour vérifier. »
« Mais vous êtes folle ? cria-t-il. Si ce monde était vraiment envahi par
les Goa’uld ! »
« J’avais beaucoup plus à perdre en restant ici à ne rien faire, mon
colonel. »
« Quoi ? »
« Vous. »
Jack ne fut pas plus surpris que les autres devant la réponse de Sam. Elle
le regardait, espérant quelque geste. Mais il ne réagit pas, sous le choc de
ce qu’elle venait de dire. Elle décida de continuer, sans égard pour
la présence des autres : elle avait assez attendu comme ça.
« J’ai été jalouse. J’ai eu peur que vous ne tombiez amoureux
d’elle. Elle n’était pas militaire, vous me l’avez fait
remarqué hier soir, comme si cela ne me torturait pas assez comme ça.
J’ai tenté le tout pour le tout en me rendant là-bas : soit, je
découvrais qu’elle avait inventé une histoire et au fond de moi, je
sentais que quelque chose n’allait pas, soit, j’apprenais
qu’elle n’avait pas menti et que son monde était sous la coupe
des Goa’uld et je me faisais tuer par ceux-ci. De toute façon, ma vie
n’a aucun sens, si vous ne m’aimez pas comme je vous aime. »
Ces mots galvanisèrent Jack. Il sortit de son siège et s’agenouilla
devant Sam. Il prit son visage entre ses mains et l’embrassa. Elle
répondit de toute son âme au baiser tendre de l’homme qu’elle
aimait. Au bout d’une éternité, il la regarda dans les yeux.
« C’est toi que j’aime Sam. Elle n’est pas toi. »
« Hum ! hum ! »
Ils se tournèrent vers le général qui essayait vainement de prendre une
attitude sévère. Mais malgré lui, un sourire indulgent se formait sur son
visage.
« Vous n’avez pas fini votre rapport, Major. »
« Euh... oui... »
Elle leur raconta ce qu’elle avait appris de son voyage. Ils furent
bientôt rejoints par les doubles qui s’excusèrent de ce qui était
arrivé. Ceux-ci regagnèrent leur monde, pour y régler leurs problèmes. Sam
et Jack discutèrent le soir même de l’accident qui était arrivé au
double de Charlie. Elle se demandait si elle aurait réagit comme Samantha,
et lui comme l’autre Jack. Mais ce n’était pas leur histoire,
après tout. Jack lui assura que sans elle, il n’aurait pas surmonté la
mort de son fils. Ils s’endormirent ce soir-là, l’un dans les
bras de l’autre, apaisés par les confidences et l’amour enfin
avoué après tout ce temps...

FIN

 

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