Jalousie
Par Akhésa
E-mail : Akhesa_fr@hotmail.com
Résumé
: Avec Hammond, Sam et Jack partent rencontrer un député…
Spoiler
: aucun
Disclaimer
: Les personnages ne m’appartiennent pas, et vous connaissez la suite…
Le général Hammond, le
colonel O’Neill et le major Carter devaient rencontrer le député Joan Theryl à
Washington. Celle-ci était l’un des membres de la Commission qui devait
examiner l’intérêt du programme Stargate. En effet, avec l’élection du nouveau
président, le projet était, une fois de plus, remis en
question. En uniforme de cérémonie, ils furent conduits au bureau du député.
Joan Theryl se leva à leur arrivée. Il s’agissait
d’une jeune femme d’une trentaine d’années, brune aux yeux verts. Sam pensa
qu’elle aurait été plus à sa place à la une d’une revue de mode que dans les
tribunes de l’assemblée. Vêtue d’un élégant tailleur blanc, un rang de perles
au cou, elle semblait très sûre d’elle.
«
Bonjour. Je suis Joan Theryl, dit-elle. »
«
Bonjour, député Theryl. Je suis le général Hammond,
voici mon second, le colonel O’Neill et le major Carter. »
«
Enchantée. Asseyez-vous. »
La
réunion dura plus de trois heures. Joan Theryl était
une jeune femme intelligente avec la tête froide. Ses questions étaient
précises. Aucun des trois officiers ne put dire si elle était pour ou contre la
fermeture du projet. Les deux hommes semblaient sous le charme, tandis que Sam
bouillait intérieurement : le député faisait les yeux doux à Jack, et ses
sourires étaient loin d’être innocents. A la fin, elle les reconduisit à la
porte.
«
Merci d’avoir été si coopératifs, dit-elle. Ce fut un plaisir, général Hammond.
»
«
Le plaisir était partagé, madame, assura le général. »
« Major
Carter, merci de toutes les précisions scientifiques, elles me seront utiles,
pour étayer mon rapport. »
«
Je vous en prie, madame. »
«
Colonel O’Neill, j’espère avoir le plaisir de vous revoir bientôt. Etes-vous
libre, pour dîner ? »
Jack
ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à Sam. Pas assez vite, cependant pour
noter la lueur irritée dans les yeux de la jeune femme, qui se reprit
rapidement. Son visage était impassible, quand Jack la regarda.
«
Avec plaisir. »
«
Allons-y maintenant, il est presque sept heures et demi. Laissez-moi le temps
de passer un coup de fil et ma voiture nous attendra en bas. Au-revoir, général, au-revoir
major. »
Sam
et le général prirent l’ascenseur, tandis que Jack attendait le député. Sam se
maîtrisait difficilement pour cacher sa colère, injustifiée, néanmoins.
«
Nous allons dîner, major ? demanda le général une fois qu’il furent dehors. »
«
Oui, si vous voulez. »
Le
général choisit un restaurant français, qui se trouvait à quelques pas de là.
Ils prirent une table et Sam alluma une cigarette.
«
Je pensais que le stade cigarette était fini depuis la rupture avec Jonas, nota
le général. »
«
J’ai repris. »
En
fait, elle avait repris quand elle essayait de trouver un moyen de ramener Jack
d’Edora. Pendant cette période, elle avait fumé comme
un pompier. Sa consommation avait diminué à une cigarette par jour, le soir
avant de se coucher, depuis sa réconciliation avec Jack. Celle qu’elle venait
d’allumer n’avait pour d’autre but que de calmer ses nerfs.
«
Avant de commander, dit le général, j’aimerais savoir ce qui se passe. »
«
Je vous demande pardon, général ? »
«
Samantha, oublie le général Hammond le temps de ce dîner. Tu as en face de toi
ton parrain. Que se passe t-il ? »
«
Rien, oncle George. Rien, je t’assure. »
«
Tu as commencé à fumer quand ta mère est morte. Tu t’y réfugies à chaque fois
que quelque chose va mal. »
«
Je vais bien, je suis juste un peu énervée après cette réunion interminable
avec cette… femme. »
«
Ainsi c’est ce que je pensais. Cela t’ennuie de penser que Jack et elle vont
dîner ensemble. »
«
Non ! Le colonel fait ce qu’il veut de sa vie. »
Le
ton était on ne peut plus moins convaincu.
«
Sam, je ne suis pas aussi aveugle qu’on le croit. Tu pensais vraiment que votre
histoire d’amour, à Jack et toi, passerait inaperçue, dans une base aussi
petite ? »
Elle
rougit jusqu’aux oreilles.
«
Il n’y a pas d’histoire d’amour entre
le colonel et moi. »
«
Je me suis sans doute mal exprimé. Je te connais assez pour savoir que tu es
parfaitement intègre et que tu ne laisserais pas tes sentiments diriger ta vie.
Ton sens du devoir est tel que tu peux aller jusqu’au sacrifice de ton propre
bonheur. Je sais donc qu’il n’y a rien de tangible entre ton colonel et toi,
mais je sais aussi que tu es amoureuse de lui. Et tu es ennuyée par le fait
qu’il dîne avec une autre femme. »
«
C’est vrai, admit-elle. Mais je ne vais lui faire prononcer des vœux de
chasteté parce que notre amour est impossible. »
Elle
mangea très peu. De retour à l’hôtel, elle dormit extrêmement mal. Le lendemain,
elle rencontra Jack et le général au restaurant de l’hôtel, pour le petit
déjeuner. Elle était d’une humeur exécrable, et ne prononça que trois ou quatre
mots.
Ils
rentrèrent à la base dans la journée. Ils mirent Daniel et Teal’c au courant de
ce qui s’était passé à Washington, et Sam se rendit aux vestiaires pour passer
un uniforme de travail. Elle rencontra Janet, en compagnie d’autres femmes de
la base.
«
Quels sont les derniers potins ? »
« A
vous de nous le dire, Sam, répliqua le capitaine Hélène Porter. On se retrouve
au chômage ? »
«
Je n’en sais rien. La commission se réunit demain. »
«
Commet ça s’est passé avec le député ? demanda Janet. »
«
Demande ça au colonel O’Neill. »
Sam
retira son uniforme de cérémonie et s’habilla rapidement. Elle s’assit avec ses
collègues. Elle était épuisée.
«
Ne me dis pas que Jack a saboté nos chances de garder le programme ouvert en
sortant une de ses blagues à deux balles! s’exclama Rose Harris. »
«
Oh non ! A mon avis, il a sorti autre chose, fit amèrement Sam. Et le projet
aura le soutient du député, croyez-moi. »
Janet
comprit tout de suite que le député devait être une femme. Jack n’avait sans
doute pu s’empêcher de courtiser celle-ci, voire plus, et Sam n’avait pas
apprécié. Elles n’eurent pas le temps d’approfondir la question. Un coup à la
porte les interrompit.
«
Carter ! appela la voix de Jack O’Neill. »
«
Et merde ! Il ne peut pas me laisser tranquille, non ? maugréa
Sam à mi-voix. »
«
Carter, vous êtes là ? »
«
Oui, monsieur. »
Elle
ne bougea pas.
« Dois-je
entrer ou vous daignez sortir, major ? »
«
On vous laisse, dit Hélène. A plus tard. »
Les
cinq femmes se levèrent et sortirent des vestiaires. Janet indiqua à Jack qu’il
pouvait entrer. Il trouva Sam, le dos contre le mur. Elle ne le regardait pas.
«
Je peux savoir ce qui vous arrive, Carter ? »
«
Rien, mon colonel. Je n’ai pas dormi, je suis épuisée. »
De
fait, elle avait des cernes sous les yeux.
«
Et cela explique sans doute votre mauvaise humeur ? »
«
Oui, cela explique ma mauvaise humeur. Si vous voulez m’excuser, mon colonel,
j’ai du travail. »
«
Sam ! »
«
Quoi ? »
«
Pour l’amour du ciel ! Qu’est ce que je vous ai fait ? »
«
Rien. »
«
C’est à cause de Joan ? »
«
Ah ! c’est Joan, maintenant. »
«
Oui, c’est Joan, maintenant, répliqua t-il. Je crois qu’il y a un malentendu
entre nous, Carter. Un malentendu qui n’aurait pas de raison d’être si vous
aviez accepté qu’on en parle après l’interrogatoire d’Anise. »
Elle
rougit au souvenir. Jack continua :
«
J’ai dit que j’étais profondément attaché à vous, mais je n’ai jamais dit que
j’étais amoureux de vous. A mes yeux, vous êtes un peu comme ma petite sœur,
Sam, rien de plus… »
Elle
reçu les paroles de Jack comme une flèche en plein cœur. Cependant, elle
répliqua :
«
Je n’ai jamais dit que j’étais amoureuse de vous non plus, monsieur. J’ai dit
que mes sentiments pour vous étaient forts. Et pour votre gouverne, je ne vous
vois pas comme un grand frère, mais comme un second père. »
Jack
n’apprécia pas le rappel de son âge. Certes, il était plus vieux qu’elle, mais
pas au point d’être son père. Il ne put lui répondre, car elle ajouta :
«
En ce qui me concerne, vous pouvez coucher avec qui vous voulez, cela ne me
concerne pas, mais ne vous prenez pas pour un Sex-symbole
au point de croire que je suis jalouse de vos conquêtes ! J’ai une vie privée,
moi aussi, figurez-vous, et je ne la passe pas à attendre l’impossible. Je suis
presque fiancée à un jeune homme charmant… Mais ce ne sont pas vos affaires. Je
n’ai pas dormi, et dans ces cas-là, je suis de mauvaise humeur. Bonne journée,
colonel. »
Elle
sortit de la pièce, laissant Jack abasourdi. Elle se rendit dans son labo,
qu’elle ferma à clé et pleura toutes les larmes de son corps. Comment
avait-elle pu se tromper ainsi ? Comment avait-elle pu croire que Jack l’aimait
? Une petite sœur ! Et puis quoi encore ? Elle s’en voulait d’avoir laissé ce
sentiment amoureux gagner du terrain dans son cœur. Elle aurait dû lutter
encore plus fort. Toutes ces rêveries après les aveux de la salle
d’interrogatoire, tous ces moments de joie secrète en pensant que Jack
l’aimait, tout cela n’était que du vent. Elle était déchirée. Jack était tout
pour elle. Elle n’était qu’une petite partie de sa vie à
lui. Elle avait l’impression que son monde s’arrêtait de tourner. Le téléphone
sonna. Elle ne répondit pas. Cinq minutes plus tard, on frappa à la porte.
«
Sam ! C’est Daniel. Vous êtes là ? »
Elle
savait que Daniel n’abandonnerait pas, car il savait parfaitement qu’elle était
là. Elle soupira et se leva. Elle ouvrit la porte, se cacha derrière pendant
que l’archéologue entrait et la referma. Daniel vit son visage baigné de
larmes.
«
Sam, que se passe t-il ? »
«
Que me voulez-vous, Daniel ? »
«
Je vous cherchais pour vous annoncer que le général vient de recevoir un appel
du député Theryl. Elle arrive dans une heure à la
base. Et le général tient à lui faire visiter le complexe et veut que SG1 lui
serve de guide. »
« A
mon avis le colonel se fera un plaisir de l’escorter. »
«
Je ne m’attendais pas à ce qu’elle vienne ici, dit Daniel. C’est bizarre. »
«
Je suppose que la nuit d’hier a dû lui plaire… »
Daniel
regarda son amie. Les larmes jaillissaient de nouveau dans ses yeux. Elle avait
l’air d’une enfant qui venait de perdre tout ce qu’elle avait.
«
Il s’est passé quelque chose entre elle et Jack ? »
«
Oui, murmura t-elle. »
Daniel
se sentit triste pour Sam. Si Teal’c savait ce qui était arrivé et combien Sam
en souffrait, Daniel ne donnait pas cher de la peau de Jack. En effet, les deux
hommes en étaient venus à protéger Sam comme si elle était leur petite sœur.
«
Je suis désolé, Sam… »
Sam
se blottit dans les bras de Daniel.
«
J’ai trop mal, Danny. Il m’a dit qu’il ne m’aimait pas… du moins pas comme je
l’aime. C’est trop dur. Je pensais… j’avais cru… »
«
Je sais, Sam. Je sais… »
Teal’c
et Janet entrèrent au même moment. Sam et Daniel leur expliqua
ce qui était arrivé. Janet et Daniel usèrent de toute leur persuasion pour
dissuader Teal’c d’aller trouver O’Neill pour lui donner un coup de poing à la
Jaffa.
«
Sam, le général Hammond veut nous voir tous en salle de briefing afin de
préparer la venue du député, dit Janet. Tu te sens d’attaque ? »
«
Oui. Du moment où je ne suis pas obligée de parler au colonel. »
Il lui laissèrent le temps de se recomposer un visage et ils se
rendirent ensemble en salle de réunion. Grâce au maquillage, ni Hammond ni Jack
ne devina qu’elle avait pleuré. Le général voulait que Janet accompagne SG1
durant le temps de la visite du député, ceci afin de jouer sur l’importance de
la mixité de la base, Joan Theryl étant féministe.
Plus
tard, SG1, Janet Fraiser et le général Hammond accueillir le député en salle
d’embarquement. Les quatre officiers avaient revêtu la tenue de cérémonie,
tandis que Teal’c et Daniel portaient des costumes. Le député, au grand dam de
Sam, s’était habillée d’une ravissante robe vert pâle,
qui seyait à ravir à son teint et mettait en valeur ses formes généreuses, tout
en restant sobre. Sam nota avec dépit le regard approbateur de Jack.
«
Député Theryl, dit le général, laissez-moi vous
présenter l’équipe la plus soudée et la meilleure que je puisse avoir dans
cette base, SG1. Vous connaissez déjà le colonel O’Neill et le major Carter. Je
vous présente donc le docteur Daniel Jackson, qui est le chef du département
d’archéologie de la base, et Teal’c, ancien Primat d’Apophis. Et enfin, le
médecin chef de la base, me major Janet Fraiser. Ils vous feront visiter le
SGC. Je suis désolé de ne pouvoir le faire moi-même, mais j’ai une réunion
téléphonique avec le Président et mes supérieurs. »
«
Je vous comprends, général, assura Theryl. »
Le
général s’en alla, après avoir promis de retrouver le député à la fin de la
visite. On commença par l’infirmerie. Janet exposa les méthodes de travail,
différentes de celles des autres hôpitaux militaires, en raison de la
particularité des cas qu’elle avait à traiter, le plus souvent. Puis, le député
visita le reste de la base, les laboratoires et les entrepôts. Elle était
étonnée de la froideur de ses guides, excepté le colonel, envers elle. Elle se
demanda ce que devait être les autres équipes, si
celle-là était la plus soudée. On aurait dit que les quatre membres de la
délégation n’avaient qu’une envie, étriper O’Neill, et elle avec lui. A la fin
de la visite, le lieutenant Graham activa la porte pour elle et envoya le MALP
; elle était fascinée par ce qu’elle voyait. Le général n’ayant pas fini son
meeting, Jack lui proposa d’aller prendre un café dans son bureau. En partant,
elle nota le regard sombre que lui porta Sam Carter. Une fois dans le bureau de
Jack, elle demanda :
«
Je rêve où tes équipiers ne m’apprécient pas du tout ? »
«
Je te rappelle que pour eux, tu représentes l’ennemi : celui qui risque de nous
mettre tous au chômage, répliqua t-il avec un sourire. »
«
Tu ne leur pas dit que je soutiens le projet ? »
«
Pas encore. Ta voix est déterminante, mais elle n’est pas la seule à compter. Kinsley a aussi son mot à dire. »
«
Je m’en charge, de Kinsley. Jack, que ne me dis-tu
pas ? »
«
Quoi ? »
«
Il n’y a rien, entre Sam Carter et toi ? »
Jack
rougit légèrement.
«
Non, il n’y a rien entre elle et moi. Nous sommes amis. C’est tout. »
«
J’ai plutôt eu l’impression qu’elle te considère comme un ennemi, toi aussi. Et
elle m’en veut d’être avec toi. Que lui as-tu dit ? »
«
Rien. »
«
C’est bien ce que je pensais… Tu es amoureux d’elle. »
«
Et après ? C’est un amour impossible. Et elle mérité mieux qu’un vieux soldat
aigri comme moi. »
«
Je n’ai pas l’impression qu’elle désire mieux que toi. »
«
Si on parlait d’autre chose ? »
«
Si tu veux. Mais à ta place, je lui parlerai, Jack. Le grand amour ne se
rencontre qu’une fois. »
Ils
burent leur café. Puis, Joan s’excusa pour se rendre aux toilettes ? Jack en
profita pour taper quelques mots de plus dans le rapport de sa dernière
mission.
Janet,
Teal’c et Daniel étaient avec Sam dans son labo. Ils discutaient de la visite.
Aucun d’eux n’avaient pu déchiffrer les intention du
député. Ils ne la trouvaient pas antipathique, même Sam devait en convenir.
Mais elle en était mortellement jalouse. Un coup à la porte du labo les fit
sursauter.
«
Entrez, invita Sam. »
Ils
ouvrirent de grands yeux en découvrant le député Theryl
qui entrait.
«
J’avais peur de m’être trompée de porte, dit-elle avec un sourire. »
«
Vous avez besoin de quelque chose, madame Theryl ?
demanda Teal’c. »
«
Oui, je voudrais parler en particulier avec le major Carter, si vous n’y voyez
pas d’inconvénients. »
Sur
un signe d’approbation de Sam, les autres quittèrent la pièce. Joan s’avança
vers le bureau de la jeune femme.
«
Pourquoi ne m’aimez-vous pas, major Carter ? »
Sam
ne s’attendait pas à ça. Elle regarda le député, ahurie. Puis elle répondit :
«
Je ne vous trouve pas antipathique. »
«
Mais vous ne m’aimez pas. »
«
Non. »
«
Vous êtes franche. J’aime cela. Alors ? Pourquoi ne m’aimez-vous pas ? »
«
Cela ne se commande pas, madame. »
«
Que vous a dit Jack, sur lui et moi ? »
«
Rien, madame. Le colonel et moi ne nous faisons pas de confidences. Nous avons
une relation purement professionnelle. »
«
Entre Jack qui dit que vous êtes amis, et vous qui assurez que vous n’êtes que
collègues, et les réactions contradictoires que j’ai remarqué, il y a un énorme
fossé. De quoi dérouter le plus perspicace des anthropologues. »
«
C’est votre métier, madame ? »
«
Non. Je suis avocate de formation. »
Il
y eut un petit silence, que Joan rompit.
«
Vous êtes amoureuse de Jack O’Neill. »
C’était
une affirmation. Sam ne répondit rien.
«
Et vous pensez que je suis en train de vous le piquer. »
«
La vie privée du colonel O’Neill ne me concerne pas. »
«
Alors pourquoi ces larmes qui naissent dans vos yeux ? »
«
Oui, s’écria violemment Sam. Oui, je suis amoureuse de lui. Mais il ne m’aime
pas ! Vous êtes rassurée, maintenant ? »
Joan
sourit.
«
Je ne suis pas intéressée par Jack, dit-elle. Pas comme vous pouvez le croire.
Je suis mariée. Mon nom complet est Joan O’Neill Theryl.
Je suis la plus jeune sœur de Jack. »
«
Sa sœur ? »
«
Oui. Je ne comprends pas qu’il ne vous l’ai pas dit,
en vous laissant croire qu’il y avait quelque chose entre lui et moi… »
«
C’est parce qu’il n’a aucune raison de se justifier, madame. Je suis son
second. Nous sommes des militaires, et je ne devrais pas éprouver ces
sentiments pour lui. Il me l’a bien fait comprendre. Je ne suis qu’un membre de
son équipe, une autre petite sœur, comme
il dit. Il m’a bien fait comprendre qu’il ne m’aime pas de la façon que je
l’aime… »
«
Et je suis, moi, persuadée qu’il vous aime. Mais je crois que mon frère a
besoin d’une petite leçon, s’il a osé vous faire croire qu’il ne vous aime pas…
Avez-vous un ami que Jack ne connaît pas et qui accepterait de jouer un tour au
colonel O’Neill ? »
«
Un tour ? »
«
Je vais vous inviter à prendre un verre, tous les cinq, ce soir. Bien sûr, vous
devrez mettre vos amis au courant avant, sinon, ils refuseront. Je crois qu’ils
sont montés contre moi. Ce qui prouve qu’ils sont pour vous, de vrais amis, et
qu’ils entreront dans le jeu… Vous arriverez avec quelqu’un que vous
présenterez comme votre petit ami. C’est un jeu à double tranchant, mais je
donnerais ma main à couper que Jack essaiera de vous reconquérir. »
«
Je ne sais pas si j’oserai… Après tout, il y a le règlement et… »
«
Oubliez le règlement, Sam. Je suis en bon termes avec
le nouveau président, même si je ne l’aime pas du tout. J’obtiendrais une
dérogation… »
«
Je ne sais pas comment vous remercier, Joan… »
«
En rendant par la suite, mon frère heureux… Mais je suis obligée de partir, il
va croire que je me suis perdue. »
«
Il ne sait pas que vous… »
«
Que je suis venue ? Non. Il ne doit pas le savoir, ou il dirait que je me mêle
de ses affaires. »
Sam
sourit à la jeune femme.
«
Merci, Joan. »
«
Sa sœur ! s’écria Janet. Quel faux jeton ! »
«
Il mérite bien la petite farce que nous allons lui jouer, décréta Daniel. »
«
Il mérite bien plus que ça pour avoir menti et vous avoir fait pleurer, Major Carter.
»
«
C’est gentil, Teal’c. »
Le
Jaffa fit un signe de tête. Sam appela ensuite un copain de son groupe de
scientifiques, à Colorado Springs et lui exposa le cas. Il fut ravi de l’aider.
«
Vous êtes sûr qu’elle viendra, docteur Jackson ? disait Joan. Elle a un quart
d’heure de retard. »
«
Oui, je connais Sam. Elle était un peu fatiguée, mais si elle a promis de
venir… Oh ! La voilà ! »
Sam
arrivait tenant la main d’un jeune homme de l’âge de Daniel. Il était blond,
grand et d’une beauté frappante. Son élégance naturelle était relevée par son
visage souriant. Jack ressentit un coup au cœur en voyant sa Samantha tenir la
main d’un autre homme. Elle avait dit, dans les vestiaires, qu’elle était
fiancée. A son doigt, il vit, justement, un diamant.
«
Bonsoir, tout le monde. Je suis désolée, pour le retard. Laissez-moi vous
présenter le docteur Brad Tapping.
Brad, voici d’abord le député Joan Theryl. »
Brad se pencha vers la jeune femme et lui fit un baisemain.
«
Je suis ravi de vous rencontrer, madame. »
«
Il en est de même pour moi, Brad. Appelez-moi Joan. »
« Brad, voici ensuite le colonel O’Neill. Et tu connais
Janet, Daniel et Teal’c. »
Il
ne les connaissait pas du tout, mais cela faisait du plan. Si les poignées de
mains de Daniel et de Teal’c avaient été franches, celle de Jack fut glaciale.
Ils passèrent leurs commandes, et Joan, la première fit semblant de remarquer.
«
Mais, vous portez une bague de fiançailles, Sam. »
«
Oui, en effet. Brad m’a demandé de l’épouser, il y a
trois jours, et j’ai dit oui ce soir. »
Ce
soir… Le cœur de Jack se serra. Sans doute, s’il n’avait pas fait l’idiot dans
les vestiaires, elle n’aurait pas dit oui à ce stupide minet.
«
Félicitations, Sam, s’écria Janet. Toi aussi, Brad. »
«
Merci. »
« A
quand le mariage ? demanda Joan. »
«
Nous pensons nous marier juste avant l’été, afin de pouvoir faire la cérémonie
à Colorado Springs. »
«
J’ai obtenu le poste de directeur du département des sciences physiques de
l’université de Chicago, expliqua Brad. Je commence à
la prochaine cession. Nous nous installerons là-bas,
juste après le mariage. »
«
Vous quittez le SGC, major Carter ? »
«
Oui, et l’armée aussi. Je pense que le lieutenant Simmons
a suffisamment profité de mes leçons pour me remplacer, au labo. »
«
Vous allez nous manquer, mais je sais que nous garderons contact, dit Daniel.
Alors, buvons à cette bonne nouvelle. »
Jack
fut le seul à ne pas trinquer. Sam partait. Non seulement elle se mariait, mais
elle allait partir, loin de la base, loin de lui. Il ne pouvait pas le supporter.
Il comprit que jamais, il n’avait souhaité que Sam trouve quelqu’un d’autre. Brad était jeune, beau, c’était un scientifique. Tout ce
qu’il fallait à Sam. Et il ne pouvait le tolérer. Sam était à lui. C’était lui
qui l’aimait comme un fou. C’était lui qu’elle aimait. Etait-ce sûr ? Elle lui
avait dit qu’elle l’aimait comme un second père…
Brad invita Sam à danser, et Daniel fit de même avec Janet. Teal’c, qui
avait été pris d’une passion pour le jeu de flipper depuis qu’il l’avait
découvert, s’excusa auprès de Joan et Jack pour aller jouer. Joan regarda son
frère.
«
Quelque chose ne va pas ? Tu n’as pas décroché un mot depuis le début de la
soirée. »
«
Je suis fatigué. »
«
Tu es jaloux, oui ! Mais tu as ce que tu veux, elle a trouvé mieux que toi.
Quelqu’un de son âge, un scientifique, comme elle. Il a l’air épris… »
«
Arrête, tu veux ? »
«
Quoi ? Tu ne veux pas que je pleure sur ton sort, non ? Sam va se marier. Elle
épouse un autre homme, parce que tu as été assez stupide pour taire tes
sentiments. J’ai dit qu’il est épris. Elle, je ne sais pas. »
«
Si elle l’épouse, elle doit l’aimer, non ? Elle va même sacrifier sa carrière
pour lui. Je ne l’aurais jamais crue aussi stupide. »
«
Elle n’est pas encore mariée, Jack. Tente ta chance. Va l’inviter à danser.
Demande-lui si elle l’aime. Enfin, fais tout ce que tu
peux. »
«
Non. »
«
Si. Parce que tu le regretteras toute ta vie, sinon. »
Jack
se leva. Il s’approcha, le cœur battant, du couple formé par Sam et Brad.
«
Excusez-moi, docteur, mais puis-je vous enlever votre cavalière ? »
Brad sourit, en se demandant dans quel sens le colonel l’entendait, puis
s’effaça. Il alla inviter le député à danser, tandis que Sam et Jack se
regardaient, incapables de faire un mouvement vers l’autre.
«
Vous allez rester là longtemps, debout, colonel ? demanda t-elle. »
«
Non, fit-il en lui prenant la main. »
Ils
s’enlacèrent pour danser. Ils avaient l’impression, tous les deux, qu’un feu
les brûlait de l’intérieur, au contact de l’autre. Sam osa enfin regarder Jack
dans les yeux. La sourde douleur qu’elle y lut lui déchira le cœur. Elle
regretta presque le petit jeu.
«
Pourquoi ? murmura Jack, incapable d’en dire plus. »
«
Il me l’a demandé. »
«
Et vous allez sacrifier votre carrière, pour lui ? »
«
Oui. De toutes façons, il était hors de question que je reste plus longtemps au
SGC. »
«
Pourquoi ? »
«
Parce que… A cause de ce que vous m’avez dit, ce matin. »
Les
larmes montèrent dans les yeux de Sam, au souvenir des paroles de Jack. Elle
dit pourtant :
«
Vous m’avez bien fait comprendre que vous ne m’aimiez pas… »
Instinctivement,
il resserra son étreinte, comme s’il avait peur de la laisser partir. Il
l’entraîna vers la terrasse, vide, à cette heure. Ils surplombaient la ville,
illuminée… Ils tournèrent le dos au bar, et s’accoudèrent à la balustrade.
«
Vous l’aimez ? »
«
Je l’aime bien. »
«
C’est tout ? Vous allez épouser un homme dont vous n’êtes pas amoureuse ? »
«
Et après ? Nous avons plein de points communs, nous apprécions notre compagnie
mutuelle… »
«
Je crois que je ne peux pas supporter l’idée que vous allez épouser ce type et
vivre à des centaines de kilomètres. »
«
Il n’y aura pas de mariage, chuchota t-elle. »
«
Sam ? »
«
Il n’a jamais été question de mariage. C’est la bague de fiançailles de maman,
dit-elle en montrant l’anneau. »
«
Mais, Brad… »
«
C’est un ami. Je l’ai rencontré il y a un an, dans un groupe de scientifiques
que je fréquente ; nous nous entendons bien. Il est homo, ajouta t-elle en
souriant tristement. Je vous ai menti, Jack. Je voulais vous faire mal, comme
vous m’avez fait mal. Il n’y a qu’une seule chose de vraie, dans ce que j’ai
dit : j’ai envie de quitter le SGC ; après cette histoire des Zatarcs, j’étais vraiment persuadée que vous m’aimiez… ce
que vous m’avez dit ce matin a détruit mes illusions ; je m’étais trompée. Et
je ne peux plus revenir en arrière. Pour mon propre bien, je suis obligée de
partir loin de vous. Je vous aime et je dois vous oublier, puisque vous m’avez
bien fait comprendre… »
Elle
n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Jack l’avait prise dans ses bras et
l’avait interrompue d’un baiser passionné. Après le premier moment de surprise,
elle y répondit de tout son être. Quand leurs bouches se séparèrent, ils
étaient à court de souffle. Ils se regardèrent, encore surpris de la fougue
contenue dans leur baiser.
«
Je t’aime, Sam. Je t’aime comme un fou, murmura Jack. Je ne veux pas te perdre…
»
«
Alors pourquoi m’avoir menti, ce matin ? »
Cette
fois, deux larmes roulèrent sur les joues de la jeune femme. Jack les essuya
par un tendre baiser, puis il répondit :
«
Je ne sais pas… En fait, je ne comprenais pas pourquoi tu agissais ainsi… Je
veux dire, tu as refusé de donner une chance à notre couple, puis, tu me
faisais comprendre que tu ne tolérais pas que je vois
une autre femme… Je crois que j’ai eu envie de te faire souffrir, en affirmant
que je n’étais pas amoureux de toi. Je ne sais pas, Sam… »
«
C’est fini, Jack ? Les mensonges, les erreurs, c’est fini ? »
«
Oui, mon amour. »
Ils
s’embrassèrent de nouveau.
«
Et puisque nous en sommes à nous dire la vérité, Sammie,
il faut que je t’avoue que Joan est ma sœur. »
«
Je sais, dit-elle en pouffant. »
«
Comment ? »
«
Elle est venue me voir, cet après-midi et elle me l’a dit. D’ailleurs, l’idée
du faux fiancé était d’elle. »
Jack
eut un petit sourire en coin.
«
J’aurais dû m’en douter ! »
Sam
éclata de rire et embrassa Jack.
«
Je t’aime, murmura t-elle. »
Main
dans la main, ils retournèrent à leur table. Les autres les regardèrent arriver
en souriant. Ils s’assirent côte à côte.
«
Si je comprends bien, dit Joan, cela a marché. »
«
Oui, répondit Sam en arborant un grand sourire. »
«
Il était temps, soupira Daniel. »
«
Merci de m’avoir fait passer pour un imbécile, Joan. »
«
Tu l’as cherché, Jack. Et puis, avoue que cela se termine bien ! »
«
J’ai bien cru, à un moment, Jack, que ma dernière heure était venue, plaisanta Brad. »
«
J’aurais attendu de vous connaître un peu mieux, fit Jack. »
Joan
rentra à Washington le lendemain et appuya la continuation du projet Stargate.
Elle obtint même une révision du règlement interne du SGC et put ainsi
assister, un mois plus tard, au mariage de son frère avec Sam Carter…
FIN