Kathie

 

Akhésa

 

 

 

 

 

Auteur :Akhésa

E-mail : Akhesa_fr@hotmail.com

Résumé : Donc… Pour en savoir plus, un seul moyen : lire. J

Spoiler : A priori, aucun

Avertissement : Les personnages ne m’appartiennent pas, et vous connaissez la suite…

Note de l’auteur : Cette histoire est dédiée à ma fille, Claire, qui a inspiré le personnage de Kathie.

 

 

 

 

 

La dernière chance. Tout était prêt pour le départ. Elle avait attendu le dernier moment, mais il n’était plus temps de reculer. Ici, il ne restait plus aucun espoir. Partout la mort régnait. Partout, c’était le silence qui avait suivi les cris de terreur, les fumées noires des villes agonisantes… La Terre avait capitulé. Le dernier bastion, le SGC, venait de tomber. Aucun prisonnier n’avait été fait. L’invasion de la Terre n’était rien d’autre qu’une destruction massive d’une race jugée trop dangereuse par les Grands Maîtres et le traité n’avait pas pu les sauver. Ils n’avaient même pas pu utiliser la Porte pour évacuer quelques personnes : il avait fallu la tenir constemment fermée, suite aux assauts répétés des troupes Jaffas. Jusqu’au moment où le général jugea plus prudent de la démanteler. Cela n’avait servi qu’à retarder l’inévitable. Ils étaient tous responsables de la destruction de la race humaine… Quelle ironie, quand on songeait que leur guerre contre les Grands Maîtres n’avaient d’autres but que de protéger la terre.

Ses dernières forces, elle les avaient utilisées pour fuir vers Colorado Springs. Vers la maison, tenant son précieux paquet contre elle. Elle avait été touchée par un planeur de la mort. Pas suffisamment tout de fois pour l’arrêter. Il fallait qu’elle sauve son enfant. La maison où ils avaient vécu si heureux n’était plus qu’un tas de ruines fumantes. La cave. Elle pria pour que la cave soit encore en bon état. Marchant parmi les décombres, elle trouva enfin l’entrée. Elle ne sentait pas la douleur, elle ne voyait que l’urgence. Il fallait qu’elle réussisse son ultime mission avant de mourir. Elle savait qu’elle ne tiendrait pas très longtemps…

La veille, avant le départ de son mari pour Washington, ils avaient décidé de la marche à suivre, en cas d’échec de la Terre. Elle ne l’avait pas revu. Il était mort là-bas. Sans un adieu, sans un dernier « je t’aime ». Maintenant, tout ce qui restait de lui, et elle pouvait le dire, de ce monde, était cette petite fille qu’elle avait endormi avec un anésthésiant de l’infirmerie, afin que l’enfant ne sache pas quelles horreurs avait subi le monde qu’elle connaissait. Comment avait-elle réussi à endormir la petite fille et à quitter la base, enfin à arriver ici, sans se faire tuer ? Seule la volonté de sauver son enfant l’avait fait tenir. Cette même volonté qui lui permettait de lutter contre la mort, en ce moment, et de faire les gestes mille fois répétés. Dans une petite valise, elle avait mis quelques vêtements, des jouets, ceux que l’enfant préférait, deux albums photos et deux CD rom. Elle ne savait pas où elle enverrait l’enfant. Elle avait juste réussi à selectionner trois univers qui auraient pu convenir : en effectuant des relevés des traces thermiques des trois univers, elle avait pu constater qu’il n’y avait aucune présence Goa’uld détectable, et que les doubles des parents de la petite y étaient. C’étaient les seules données qu’elle avait. Après, tout serait aléatoire... Elle avait tant travaillé sur ce projet ! Si elle avait pu se douter que ce passe temps sauverait un jour sa fille !

Elle réunit ses forces pour activer l’appareil. Elle embrassa une dernière fois la petite, en pleurant. « Souviens-toi : maman t’aime. Et papa aussi… » Il n’était plus temps de reculer. Le vortex était formé. Elle y envoya d’abord la valise, puis sa fille…

Elle regarda le vortex se refermer lentement. Elle mourut avant de voir la lumière bleue s’éteindre.

 

************************************************

 

Sam regardait un documentaire animalier à la télévision. Elle avait oublié que la vie continuait, sur Terre, en dehors du SGC. Et si elle n’avait pas reçu l’ordre formel du général Hammond de quitter la base pour deux semaines et de n’y revenir que reposée, sans avoir touché à ses expériences scientifiques, elle serait restée à Cheyenne Mountain pour étudier son réacteur. Mais, finalement, elle apréciait de se retrouver chez elle, à ne rien faire de constructif. Bien sûr, le colonel l’avait invitée à le suivre dans le Minessota, mais elle avait encore une fois refusé. Elle se connaissait : il lui faudrait moins de deux semaines seule avec lui hors de la base et du contexte professionnel pour tomber dans ses bras, qu’il le veuille ou non. Un seul jour nous suffirait pour commettre l’irréparable, songea t-elle. Mais elle le connaissait aussi : il n’aurait pas tenu, lui non plus. Il était mieux ainsi de rester seule que de risquer leur relation.

 

Elle fut tirée de ses pensées par un soufflé violent dans la pièce. Se levant prestemment, elle scruta la forme bleue lumineuse qui se formait petit à petit près de la cheminée. Elle n’avait pas d’arme. Quelle que soit cette chose, elle était à sa merci. Le ‘vortex’ se stabilisa quand il eut environ deux mètres de diamètre. Sam s’attendait à voir des Goa’uld en sortir mais elle ne pouvait bouger, fascinée par ce qui se déroulait sous ses yeux. Or, la première chose qu’elle vit attérir sur le tapis fut une valise. Elle écarquilla les yeux, tant elle était surprise. Elle leva de nouveau les yeux vers le cercle d’énergie. Autre chose passa au travers, que Sam reçut sur elle, ce qui la fit tomber. Le premier choc passé, elle réalisa que le vortex avait disparu. Elle baissa le regard sur ce qui lui était tombé dessus. Une petite fille d’envion quatre ou cinq ans. Celle-ci bougea, comme sortant d’un long sommeil.

 

« Maman ? »

 

Sam regarda plus attentivement l’enfant. Elle avait des cheveux blonds dont les quelques boucles lui tombaient sur les épaules. Elle levait sur Sam un regard sombre, endormi. Elle était jolie, mais des tâches sombres de poussière et de suie lui salissaient le visage et les vêtements.

 

« Les méchants sont partis, maman ? demanda t-elle. »

 

« Les méchants ? répéta Sam qui se demandait encore ce qui arrivait. »

 

« J’ai rêvé qu’on était à la base et que des méchants avec des dessins comme oncle Teal’c sur le front tiraient sur tout le monde. On a vu papy George mourir et puis oncle Daniel et tante Janet… et… »

 

Elle pleurait. Instinctivement, Sam la serra contre elle et lui caressa les cheveux.

 

« C’est fini, ma chérie… »

 

« C’était qu’un rêve, parce que maintenant on est à la maison, et tu es avec moi, maman. Où est papa ? »

 

‘Papa ? Qui est papa ? Et elle me prend pour sa mère ? Oh mon dieu…’ Sam comprit qu’il devait s’agir d’une réalité alternée. Ce que décrivait l’enfant ressemblait fort à une invasion Goa’uld. Si c’était le cas, était-il possible que les habitants de ce monde aient inventé un système de voyage interdimensionnel ? Ou alors, c’était une découverte alien qu’il avaient utilisé pour sauver l’enfant. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir utilisé pour sauver leur monde ? Trop de questions se pressaient dans sa tête.

 

« Maman, où est papa ? »

 

Elle réagit à la voix de l’enfant.

 

« Euh… il… n’est pas là pour l’instant. »

 

« Ah. Je peux aller jouer ? »

 

Sam considéra un moment la petite fille. Elle se surprit à sourire.

 

« Je crois qu’un bain ne serait pas du luxe, pour commencer, miss. »

 

« Ok, mais je prends Ken et Barbie avec moi. »

 

‘Au secours !’ La petite avait piqué un sprint vers l’escalier qu’elle grimpa rapidement. Sam prit la valise, en espérant y trouver des vêtements propres et des explications. Elle monta  à son tour, pour découvrir l’enfant en arrêt devant l’une des deux chambres d’amis.

 

« Maman ? Ma chambre ? Qu’est ce qui s’est passé ? »

 

« Euh… tu vas avoir une nouvelle chambre… »

 

« Pour l’amour du ciel ! On ne me dit jamais rien ! »

 

Le cœur de Sam fit un bond dans sa poitrine en entendant les mots de la fillette. Elle comprit alors qui était ‘papa’. D’ailleurs, ces yeux couleurs chocolats, elle ne connaissait qu’une personne qui avait les mêmes. Malgré elle, elle sourit.

 

« Allons, on va au bain. »

 

« Mes poupées, elles sont où ? demanda l’enfant en allant vers la salle de bain. »

 

« On va voir si elles sont dans cette valise. Ok ? »

 

« Oui… »

 

Sam commença par faire couler l’eau du bain, avant d’ouvrir la valise. Elle contenait des vêtements d’enfant, des papiers, deux albums photos, et des jouets. Elle trouva enfin les deux poupées que réclamait la petite. Avant d’aller plus loin dans l’inspection du contenu de la valise, elle déshabilla la fillette qui entra tout de suite dans la baignoire.

 

« Je joue un peu, maman, après on fera le bain. A toute à l’heure. »

 

« Tu es sûre ? »

 

« Oui. »

 

Et sans plus s’occuper de Sam, elle entreprit de parler à ses poupées. Sam alla donc dans sa chambre, avec la valise. Les papiers étaient l’acte de naissance de l’enfant et son dossier médical : Katherine O’Neill. Le premier album que Sam ouvrit était celui de l’enfant : depuis sa naissance, jusqu’à l’âge qu’elle avait aujourd’hui, quatre ans et demi. Ils avaient l’air de former une belle famille heureuse, Jack, Sam et Kathie. Le cœur de Sam flancha en voyant, sur l’une des photos, à quel point l’autre Jack regardait l’autre Sam avec amour.

 

« Oh mon Dieu ! Il faut que je le prévienne avant qu’il ne parte à l’aéroport ! »

 

Elle se rua sur le téléphone et composa le numéro personnel du colonel.

 

« O’Neill. Et je vous préviens que si c’est pour annuler mes vacances, je… »

 

« Mon colonel, c’est moi. »

 

« Carter ? Vous avez changé d’avis ? »

 

« Non. Mais il faut que vous veniez à la maison. »

 

« Carter, j’ai un avion qui part dans moins de deux heures et… »

 

« Mon colonel, c’est très important. Je vous en prie. »

 

« Ok, j’arrive. »

 

Il raccrocha. Elle entendit des « splashes » provenant de la salle de bains. Kathie avait l’air de s’amuser, mais Sam se demandait dans quel état elle allait trouver la pièce, après ça. Elle se concentra à nouveau sur le contenu de la valise. Dans le second album (nouveau pincement au cœur en découvrant qu’il s’agissait de l’album de mariage des doubles) elle avisa deux CD Rom. Sûrement ce que je cherchais, pensa t-elle.

Ils étaient numérotés. Sur le premier, elle vit, de sa propre écriture : « Consultez-le ensemble,tous les deux. » Elle supposa que les « deux », signifiait Jack et elle.

 

« Maman ! »

 

Elle alla dans la salle de bain (son instinct ne l’avait pas trompée, c’était inondé) et vit Kathie debout dans une baignoire moitié moins pleine qu’elle ne l’était quand Sam avait quitté la pièce.

 

« Tu peux me remettre de l’eau, s’il te plaît ? »

 

« Je vais d’abord te laver, on verra après. »

 

Elle remercia le ciel d’avoir eu un entraînement militaire qui la préparait à toutes les situations. Les précédentes rencontres avec les réalités alternées l’aidaient aussi à comprendre ce qui se passait. Sinon, elle aurait été complètement dépassée et n’aurait pas pu avoir la réaction adéquate. Une fois Kathie lavée, elle supplia Sam de la laisser jouer encore un peu, en lui lançant un regard éploré.

 

« Comment veux-tu que je te résiste avec des yeux et un sourire pareil, murmura t-elle, en faisant couler un autre bain. »

 

« Je sais, tu ne peux pas, parce que j’ai le sourire et les yeux de papa. »

 

Sam se sentit rougir. ‘Et intelligente, en plus.’

 

Elle entendit la sonnerie de l’entrée. Le colonel. Elle ferma les robinets.

 

« Ça suffira, dit-elle. Je dois y aller. Tu es sage, hein ? »

 

« Promis, maman. »

 

Elle se surprit à faire une bise sur le front mouillé de la petite avant de partir. On sonna une seconde fois.

 

« J’arrive, cria t-elle. »

 

Elle ouvrit la porte, pour y découvrir son officier commandant.

 

« Bonjour, mon colonel. »

 

« Salut, Carter. Alors, que se passe t-il ? »

 

‘Toujours droit au but, pensa t-elle.’

 

« Entrez mon colonel, je vais vous expliquer. »

 

Elle lui raconta ce qu’elle savait. Il l’écouta sans un mot. Puis, elle lui proposa de visionner le disque. Ils montèrent tous les deux à l’étage, un peu gênés de se retrouver dans la chambre de Sam. Elle appuya enfin sur la touche de lecture. C’était un film. Son double, et celui de Jack se tenaient côte à côte, dans l’autre version de cette même chambre. Ce fut l’autre Sam qui parla :

 

« Sam, Jack, si vous visionnez cet enregistrement, c’est que nous serons morts, Jack et moi. Les Goa’uld sont sur le point d’attaquer. Nous n’avons pu entrer en contact avec aucun de nos alliés. Jack doit partir dans quelques heures pour Washington, renconter le Président et l’Etat major pour tenter de trouver une stratégie de défense… Il y a quelques mois, j’ai travaillé sur un système trouvé sur P8V745, un des mondes que nous avons visités, et j’ai pu reconstituer cette sorte de télécommande quantique. Je n’ai pas encore eu le temps de la tester, ni de lui donner de noms. J’ai pu seulement effectuer des relevés pour retirer des coordonnées possibles les mondes où Kathie existe, ceux où vous n’êtes pas, et ceux qui sont sous la coupe des Goa’uld. Kahtie est ce que nous avons de plus précieux. Nous ne savons pas si l’expérience pour la sauver marchera, c’est pourquoi nous ne la tenterons qu’en dernier recours. L’appareil ne peut emmener qu’un seul passager. Dans le cas contraire nous aurions pu essayer de faire voyager ainsi d’autres personnes, mais… »

Son émotion, visible, l’empêcha de continuer. Ce fut son compagnon qui continua :

« Ce que ma femme essaie de dire, c’est que nous vous demandons de prendre soin de Kathie comme si elle était votre fille. Nous en avons discuté, Sam et moi : nous voulons qu’elle vive dans un monde normal, comme si rien avait changé, avec ceux qu’elle considérera comme ses parents. Elle ne doit pas savoir que vous n’êtes pas vraiment nous. »

Sa femme prit le relais : « S’il vous plaît, aimez-la comme nous l’aimons. Prenez soin d’elle. Elle mérite toute votre affection… Sur l’autre  disque, Sam, vous trouverez un système informatique qui permettra d’enregistrer la naissance de Kathie comme si avait eu lieu dans votre monde, il y a quatre ans et demi. Ce n’est pas légal, mais c’est la seule façon de la protéger. »

 

Le disque s’arrêta là. Il était évident que l’idée de se séparer de leur fille leur coûtait. Sam et Jack contemplèrent un moment l’écran vide, avant de se regarder.

 

« Carter, je crois que nous… »

 

« PAPA ! »

 

Une petite Kathie enveloppée dans une serviette de bain se jeta contre lui. Il fut ému de ce geste d’affection. Il la souleva du sol et l’embrassa.

 

« Papa, c’est vrai que je vais avoir une nouvelle chambre ? »

 

Jack regarda Sam, qui lui sourit timidement.

 

« Je crois que oui. »

 

« Tu aimerais qu’on aille choisir les meubles dont tu as envie, Kathie ? »

 

« Oui. Papa, maman t’a raconté le rêve affreux que j’ai fait ? »

 

« Non… mais j’espère que tu sais que c’est  fini, maintenant… »

 

« Oui, mais ça faisait peur... On va chercher ma nouvelle chambre ? »

 

« Tu ne crois pas que tu pourrais t’habiller, avant ? »

 

Sam prit une petite robe dans la valise et la passa à l’enfant. Jack regardait le spectacle avec attendrissement. En général, il n’aimait pas les réalités alternées, mais là, c’était différent : il s’agissait d’une enfant, sa fille et celle de Sam. Sans en avoir discuté, ils savaient tous les deux que le choix était fait : ils la garderaient. Sam coiffait Kathie, qui chantait le générique d’un quelconque dessin animé. L’image parfaite de la mère et de la fille.

 

« Voilà, Kathie, nous pouvons y aller, dit Sam. Euh, vous venez avec nous, mon colonel ? »

 

« Si ça ne vous ennuie pas. Je pense que je vais annuler ma partie de pêche, sourit-il. »

 

« Maman, tu es fâchée contre papa ? demanda Kathie. »

 

« Non, quelle drôle d’idée ! »

 

« Ben, tu l’appelles mon colonel et tu lui dis ‘vous’. Tu ne fais ça que quand tu es fâchée. »

 

Sam et Jack se regardèrent, encore une fois gênés par la situation. Mais Jack décida de prendre les choses en main.

 

« Maman s’amusait, Kathie. N’est-ce pas, Sam ? »

 

« En effet… Jack. »

 

Après ce petit incident, ils s’en allèrent acheter des meubles pour Kathie. Ils devaient être livrés dans l’après-midi . Ils déjeunèrent au McDo. Pendant que Kathie s’amusait dans l’espace jeux, Sam et Jack en profitèrent pour parler de ce qui leur arrivait. Ils avaient tout fait pour éviter de se tutoyer durant la matinée.

 

« Alors, qu’en pensez-vous, mon colonel ? »

 

« Sam, je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais… j’ai l’impression que la vie me donne une seconde chance d’être père. Je sais que tout cela est bizarre, mais, j’ai vraiment envie de respecter la volonté de ses parents. »

 

« Moi aussi. Et elle est si attachante ! En à peine quelques heures, et c’est déjà comme si elle avait toujours été là. Je ne vous cacherai pas que j’ai peur : je ne sais pas si je pourrais être à la hauteur en tant que mère, mais… c’est notre fille, même si nous n’avons pas… enfin… »

 

« Je sais. Et vous serez une mère formidable. »

 

« Nous avons deux semaines pour nous habituer à cette idée, mon colonel. Il faudra lui acheter des vêtements, et tout ce dont a besoin une enfant de cet âge… »

 

« Sam ! Respirez un bon coup. Ce ne sera pas si dur, vous verrez. »

 

« Je l’espère, dit-elle avec un sourire. Une dernière question, tout de même : on la fait passer pour notre fille en utilisant le CD ? »

 

« Il y a des chances que quelqu’un se rende compte de la fraude ? »

 

« A mon avis, mon double a dû penser à tout. J’examinerai le contenu du disque, mais je pense, tout le monde n’y verra que du feu. Sauf ceux qui savent que je n’ai jamais été enceinte. »

 

« En tout cas, elle vous ressemble beaucoup. »

 

« A vous aussi, mon colonel. »

 

Ils échangèrent un regard empreint de timidité et de joie. Grâce à Kathie, leur avenir était à jamais lié.

 

« Sam, je crois que nous devrions éviter les grades et le vouvoiment, pour Kathie. »

 

« C’est vrai. Il faut juste que je m’habitue à l’idée, je pense. »

 

Ils rentrèrent chez Sam peu après. Kathie alla dormir un peu dans la chambre de sa mère, tandis qu’au rez-de-chaussée, ses parents discutaient toujours de ce qu’ils allaient faire. Tout en parlant avec Jack, Sam, qui avait ramené son ordinateur au salon, piratait les fichiers informatiques afin d’inscrire la naissance de Kathie.

 

« Sam, je ne voudrait avoir l’air de pousser, mais, si Kathie ne doit pas se rendre compte du changement, je devrais… enfin, vous savez… euh… »

 

« J’ai une chambre d’amis supplémentaire, Jack. Si cela ne vous ennuie pas d’emménager, bien sûr. »

 

« Je pourrais passer prendre quelques affaires, pendant que vous faites ce truc. »

 

« D’accord. Par contre, quand les meubles seront livrés, j’espère que vous serez là ! taquina t-elle. »

 

« Et pour les autres ? Je veux dire le général et SG1 ? On leur dit ? »

 

Elle leva les yeux vers lui. « Je ne sais pas. J’ai peur que si nous en parlons au général, il en réfère à ses supérieurs, et alors, on pourrait nous prendre Kathie. Le règlement… Même si Kathie est notre fille biologique, elle n’est pas née de nous. Ce qui fait qu’ils n’ont aucune obligation de nous laisser la garder. Et élever un enfant ensemble, habiter sous le même toit, c’est déjà toucher aux limites extrêmes du règlement concernant la fraternisation entre officiers. »

 

« En effet… on en reparle à mon retour ? »

 

Kathie se réveilla pendant que Jack était parti. Sam et elle passèrent un bon moment à discuter de tout et de rien, et Sam était surprise de la maturité de la petite fille. Parfois, elle avait des mimiques tellement semblables à celles de Jack, que Sam riait toute seule en la regardant. Les livreurs emmenèrent les meubles peu après le réveil de Kathie, et Sam proposa qu’on attende Jack pour les monter ensemble. Celui-ci revint avec une valise et des cartons pleins de rouleaux de papier peint pastel, de la colle, bref, tout le matériel du parfait tapisseur.

 

« Qu’est ce qu’est ? »

 

« J’ai pensé que je pouvais lui refaire entièrement la chambre. Ça ne prendra pas plus de trois heures, à nous deux. »

 

« Ok. »

 

Et pendant que Kathie les observait d’un œil intéressé, ils travaillèrent à redécorer la chambre. En fin d’après-midi, tout était fini et le résultat était adorable. Les meubles étaient enfin montés et les deux décorateurs exténués. Pour la première soirée de Kathie à la maison, ils décidèrent de cuisiner quelque chose de particulier. Les années qu’ils avaient passé à travailler ensemble leur permettait d’évoluer dans une parfaite symbiose dans cet univers familial. Ils découvrirent avec surprise qu’ils n’éprouvaient plus aucune gêne, et en peu de temps, ce fut comme s’ils formaient une petite famille depuis très longtemps. A neuf heures, Sam décida qu’il était temps pour Kathie d’aller dormir.

 

« Oh ! C’est pas juste ! »

 

« C’est l’heure, ma chérie. »

 

« Je sais que vous voulez que je dorme pour aller vous faire pleins de bisous partout ! mais c’est la vie ! commenta t-elle en haussant les épaules. »

 

Elle ne remarqua pas la soudaine rougeur de ses parents. Suivant son naturel fataliste, elle se dirigeait vers l’escalier. « Ben, vous venez me dire bonsoir, quand même ! »

 

Sam et Jack lui emboîtèrent le pas. Après la toilette, le passage du pyjama, il fallut lui raconter une histoire, ce que Jack fit avec complaisance. Sam l’écoutait, aussi ravi que Kathie. Quand, enfin, l’enfant fut endormie, ils sortirent de la chambre.

 

« Tu veux un thé, Jack ? proposa Sam comme ils arrivaient en bas. »

 

« Oui, ce n’est pas de refus. »

 

Elle alla le préparer dans la cuisine et revint au salon avec deux tasses fumantes. Le tutoiement était devenu de plus en plus facile, depuis qu’ils avaient posé le papier peint entre fous rire et boutades. L’élément déclencheur de cette nouvelle relation avait eu lieu lors d’une pause qu’ils s’étaient accordés. Kathie avait entrepris de dessiner, assise sur le sol du couloir, de façon à ‘superviser’ quand même les travaux. Elle avait l’air très concentrée. Jack la contempla un moment, un sourire ironique sur les lèvres, puis appela Sam.

« Eh ! fit-il en montrant Kathie. Voilà Samantha Carter au boulot ! »

Il était vrai que Kathie, avec ses sourcils froncés, toute concentrée sur ce qu’elle faisait, était en ce moment-là une réplique miniature de Sam, quand elle était dans son labo. Ils avaient échangé un sourire complice et s’étaient rapprochés, afin de regarder ‘leur’ fille, bras dessus bras dessous, les cœurs battant la chamade. Consciente du soudain silence, Kathie avait relevé la tête. « Quoi ? demanda t-elle avec une parfaite imitation de l’expression de Jack quand quelque chose lui échappait. » Sam éclata de rire. « Cette fois, c’est ton portrait, Jack. » Jack enroula à ce moment-là son autre bras autour de la taille de Sam, la mettant face à lui. « J’aime ça, dit-il en la regardant dans les yeux. » « Quoi ? » « Que tu me dises ‘tu’ ! » « Je crois que… j’aime ça, moi aussi. »

 

Ils se remémoraient tous les deux l’intensité du moment qui avait suivi. Si Kathie ne les avait pas rappelé à la réalité, Dieu seul sait qu’elle aurait pu assister à une scène interdite aux moins de dix-huit ans ! Assis sur le canapé, ils se regardèrent.

 

« Quelle journée ! »

 

« En effet… »

 

« Tu crois qu’on s’en sortira ? »

 

« J’en suis sûr, Sam. Après tout, on se bat contre des Goa’uld tous les jours, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse élever notre fille. Tu ne penses pas ? »

 

« Si, mais… je m’attendais si peu à être mère, du jour au lendemain… Je me sens un peu dépassée, mais… il y a une chose qui me ravit tout de même. »

 

« Quoi ? »

 

Elle le regarda en souriant. « Que tu sois son père. » Là-dessus, elle posa la tête sur l’épaule de Jack. D’abord surpris, il finit par sourire et l’attira tout contre lui. Ils restèrent un long moment silencieux. Puis, ils regardèrent un film à la télévision. Vers minuit, ils décidèrent qu’il était temps d’aller se coucher. Une fois à l’étage, Jack allait se diriger vers sa chambre.

 

« Bonne nuit, Sam. »

 

« Jack ! »

 

« Oui ? »

 

Elle lui tendit la main et l’invita du geste à la suivre dans sa chambre. « On en parlera demain, dit-elle d’une voix endormie. »

 

Ils se couchèrent et ne tardèrent pas à s’endormir. Ils furent réveillés le lendemain par quelque chose qui monta sur leur lit.

 

« Papa ! Maman ! »

 

Ils eurent un peu de mal à replacer les événements. Ils étaient d’abord conscients d’une chose : ils étaient dans le même lit, dans les bras l’un de l’autre ! Puis, la progression rapide de Kathie dans le lit leur rappela ce qui s’était passé.

 

Dans la matinée, ils allèrent acheter des vêtements à Kathie. Bien entendu, ils fondirent tous les deux et lui achetèrent plus de jouets que ne pouvait en contenir la chambre, ou peu s’en fallait. En marchant dans la galerie commerciale (avec Kathie qui en avait assez d’essayer des vêtements, mais qui était ravie de la soudaine générosité de ses parents par rapport aux jouets, et qui par conséquent évitait de trop râler), Jack avisa une animalerie.

 

« Sam, je sais que tu es une amoureuse des chats, mais… tu connais la loi ? »

 

« Tous les enfants doivent avoir un chien, c’est ça ? »

 

« Exactement. Qu’en dis-tu ? »

 

« Oh oui, maman ! S’il te plaît : un chien ! Dis oui, dis oui ! »

 

« Ok, capitula Sam en voyant deux regards couleur chocolat la supplier. »

 

Ils ressortirent du magasin avec un berger américain blanc que Kathie nomma tout de suite Général.

 

« On ne sait pas du tout que c’est une fille de militaires, celle-là ! plaisanta Jack. »

 

Au bout d’une semaine, Sam et Jack avaient vraiment pris leurs marques avec leur nouvelle vie. Kathie ne s’était rendue compte de rien, pour elle, la vie avait continué comme elle l’avait toujours fait, et ses dernières heures dans sa propre réalité lui apparaissaient comme un cauchemar. D’ailleurs, certaines nuits, elle réveillait ses parents par ses cris, mais elle était rassurée de les voir près d’elle et s’endormait paisiblement. Leur relation personnelle était passée à un stade plus intime. La seconde nuit qu’ils passèrent ensemble résolut tous leurs problèmes et leurs peurs. Ils en parlèrent et convinrent tous les deux qu’ils avaient fait une bêtise en attendant si longtemps avant de se laisser guider par leurs sentiments.

 

« Jack, nous reprenons le travail dans huit jours. Il faudrait songer à trouver une gouvernante. »

 

« Pour faire quoi ? »

 

« Je te signale que notre fille n’est pas assez grande pour rester seule, quand nous serons à la base ou en mission. »

 

« Oh, ça ! C’est vrai… On appellera une agence dans la journée. Mais puisque tu parles de ça, il serait aussi bon de l’inscrire dans une école, tu ne crois pas ? »

 

Dans la matinée, ils se rendirent donc à une école maternelle pour y inscrire Kathie, en précisant à la directrice qu’elle ne commencerait que le lundi suivant. Sur le chemin du retour, Kathie demanda :

 

« Quand c’est qu’elle vient me voir, Cassie ? »

 

Sam et Jack se regardèrent. Ils avaient oublié que les parents de Kathie devaient tout de même fréquenter le reste de SG1 et Janet ainsi que Cassandra. Ils avaient tellement voulu protéger leur secret, qu’ils avaient négligé ce fait.

 

« Je ne sais pas, ma chérie, dit Jack. Ce soir ? ajouta t-il en jetant un regard interrogateur à Sam. »

 

« Ok. »

 

Sam se chargea d’appeler ses amis, une fois de retour à la maison. Elle les invita à une soirée pizzas chez elle. Ils acceptèrent tous. Il était dix neuf heures, quand on sonna. Elle se chargea d’aller ouvrir, tandis que Jack et Kathie regardaient des dessins animés à la télé, Général couché sur la fillette. En deux semaines, il avait déjà grandi. En apercevant Sam bouger, il sauta des genoux de sa petite maîtresse et suivit Sam dans l’entrée. Daniel, Teal’c, Janet et Cassie se tenaient devant la porte.

 

 

« Salut, Sam. »

 

« Bonsoir Major Carter. »

 

« Bonsoir tout le monde. »

 

« Tu as un chien, Sam ? demanda Cassie après les salutations d’usage. »

 

« Euh, oui. C’est Général. »

 

Sam sortit de la maison et ferma la porte derrière elle. Ses amis étaient étonnés de son comportement.

 

« En fait, il y a du nouveau, ici. »

 

Elle leur expliqua rapidement ce qu’il s’était passé : l’arrivée de Kathie, les circonstances de la mort de ses parents et de son monde et enfin leur décision à Jack et elle d’habiter ensemble, pour le bien de leur fille.

 

« Vous habitez avec Jack ! s’écria Daniel. »

 

« Euh, oui… Ce n’est pas la peine de le crier sur tous les toits non plus. A part vous, personne n’est au courant, pour Kathie. Nous vous demanderons de garder le secret  le temps que les choses se tassent. »

 

« Promis. On peut voir ta fille, Sam ? demanda Janet. »

 

« Venez. Oh, et elle vous connaît. Enfin, elle a connu vos doubles, alors, essayez de jouer le jeu. »

 

Ils entrèrent dans la maison. Sam les conduisit au salon, où Kathie était plongée dans une grande conversation avec son père, apparemment sur le dessin animé qu’ils venaient de voir.

 

« Kathie ! appela Sam. Regarde qui est là ! »

 

L’enfant leva la tête et aperçut les amis de ses parents. Aussitôt, elle quitta les genoux de Jack où elle était juchée et courut vers eux. Elle se jeta d’abord dans les bras de Cassandra.

 

« Cassie ! Tu sais, papa m’a acheté un chien et on a redécoré ma chambre. »

 

« Bonjour, toi, dit gentiment Cassandra. »

 

« Salut. »

 

Elle s’amenda de son manque de politesse par un baiser sonore sur la joue de l’adolescente, puis embrassa les autres qui la dévisageaient avec curiosité. Le plus étonnant fut qu’elle salua Teal’c en Goa’uld. Ils ouvrirent tous de grands yeux en l’entendant.

 

« Qu’est ce qu’elle vient de dire, là ? demanda Jack. »

 

« Si on le traduit du Goa’uld, cela signifie : ‘Je te souhaite une bonne soirée et j’espère que la chance sera avec toi’, O’Neill, répondit Teal’c. »

 

« En gros, elle a dit ‘salut’, quoi. »

 

« En effet. »

 

« Cassie, tu viens voir ma chambre ? »

 

« Euh, oui… allons-y, Kathie. »

 

Pendant que Cassandra et Katherine visitaient la chambre, les autres s’assirent au salon. Sam leur servit des boissons.

 

« Elle est vraiment adorable, commenta Daniel. »

 

« C’est vrai… Donc, elle vient d’une réalité alternée, dit Janet. »

 

« En effet. Mais pour elle, il ne s’est rien passé. »

 

« Et c’est votre fille ? Si je compte bien, ça fait trois réalités où vous êtes ensemble, releva Daniel. »

 

« Vous me fascinez, Daniel. Vous devriez remplacer Sam au labo ! »

 

« Jack, fit Sam en riant. »

 

« Jack ? releva Janet. »

 

« Pour le bien de Kathie, nous pensons qu’il vaut mieux laisser tomber les grades, à la maison. On la commande, cette pizza ? »

 

Le repas de la soirée se passa fort bien. Kathie séduisit tout le monde, tant par son humour (qu’elle tenait de son père) que par sa gentillesse et son intelligence. Après le diner, elle monta sur les genoux de Teal’c, tandis que les autres parlaient un peu plus loin. Sam avait montré l’enregistrement à Daniel et Janet. Leurs amis savaient tout, maintenant.

 

« O’Neill, major Carter ? appela Teal’c depuis le canapé où il conversait avec Kathie. »

 

« Que se passe t-il, Teal’c ? Kathie vous fait des misères ? »

 

« Non, O’Neill, mais il semblerait que votre fille parle couramment le Goa’uld. »

 

Ils se levèrent tous d’un même mouvement, et s’approchèrent de Kathie. Daniel commença à lui parler en Goa’uld, et elle répondit dans la même langue, un peu surprise de l’intérêt soudain qu’elle provoquait.

 

« Ça alors, murmura Daniel… C’est incroyable. »

 

« Quoi donc, oncle Daniel ? »

 

« Euh… tu peux me dire comment tu as appris le Goa’uld, Kathie ? »

 

« Daniel, commença Sam pour le prévenir de ne pas aller trop loin. »

 

« Tu le sais bien, c’est grâce à Jolinar. »

 

« Je peux voir son dossier médical, Sam ? »

 

Sam l’apporta à son amie. Janet le consulta, puis annonça :

 

« Elle a des protéines Goa’uld dans le sang. »

 

« Mais je ne parle pas Goa’uld, protesta Sam. »

 

« Il est possible que tu ais transmis à Kathie les souvenirs de Jolinar, émit Jack. »

 

« C’est possible, O’Neill, approuva Teal’c. Le symbiote peut transmettre son savoir à l’enfant d’un hôte, comme pour les enfants Harsiésis. »

 

« Mais je ne suis pas harisésis, moi. Je sais juste quelques petites choses de Jolinar. »

 

« Je sais, ma chérie. Ne t’en fait pas avec ça. »

 

« Oh, je ne m’en fais pas, papa ! »

 

Sam, malgré l’inquiétude première éclata de rire et serra sa fille dans ses bras. « Il est temps d’aller dormir, maintenant, petite princesse. »

 

« Ok, mais c’est Cassie qui me raconte une histoire, ce soir. »

 

Cassandra accepta avec joie, et Kathie souhaita bonne nuit à tout le monde, en les gratifiant d’un baiser. Pendant que Cassie et la petite fille étaient à l’étage, Jack proposa du café à ses amis, qui acceptèrent. Ils discutèrent du cas de Kathie. Jack revint avec les tasses et la cafetière, et s’assit près de Sam, qui se lova contre lui. Un grand sourire éclaira les visages de Daniel et Janet.

 

« Je le savais ! s’écria le médecin. Vous êtes ensemble ! »

 

« Félicitations, O’Neill et major Carter. »

 

« Merci, Teal’c. »

 

« Ecoutez, pas un mot de tout ça au général, avertit Sam. »

 

« Ne vous en faites pas. »

 

Janet proposa aux nouveaux parents les services de la femme qui avait gardé Cassie quand elle était petite et ils acceptèrent avec joie. Ils reprirent le travail la semaine suivante, après avoir eu l’assurance que leur fille était entre de bonnes mains. Bien sûr, les premières semaines, la pauvre madame Tanner reçut plus de dix coups de téléphone par jour pour voir si tout allait bien. Elle n’avait de répit que lorsque SG1 était en mission. Dès qu’ils pouvaient quitter la base, Sam et Jack le faisaient. Leurs amis leur rendaient souvent visite, et la vie continua ainsi pendant des mois. Les cauchemars de l’enfant avaient complètement disparu.  Kathie avait intégré sa nouvelle école. Aux vacances d’été, Jack emmena ses deux ‘petites femmes’ comme il les appelait dans son chalet du Minessota pendant deux semaines. L’automne passa, puis enfin décembre arriva. Kathie était excitée comme une puce à l’approche des fêtes de Noël. Elle avait fait une liste impressionnante au Père Noël.

 

« Maman, papy Jacob et Selmac vont venir aussi pour Noël, hein ? »

 

Sam se souvint que son père voulait justement passer les fêtes avec elle et son frère. Elle n’en avait pas encore parlé à Jack. Elle refusait que le premier Noël de Kathie avec eux se passe ailleurs que dans leur maison. Elle voulait faire d’une pierre deux coups, en apprenant à son père, à Marc et sa petite famille l’arrivée de Kathie dans sa vie. Et celle de Jack. Elle en avait assez de cacher leur amour et leur bonheur.

 

« Je ne sais pas encore. On en parle à papa ce soir ? »

 

« Oui. On invitera aussi oncle Teal’c, oncle Daniel, tante Janet et Cassie, dis ? »

 

« Si tu veux. Et si on invitait aussi oncle Marc ? »

 

« Tu n’es plus fâchée avec lui ? »

 

« Non, répondit Sam un peu surprise de la réponse de sa fille. »

 

« Oh ! alors je serai contente de le connaître. »

 

« Tu verras, il a un petit garçon, qui s’appelle Richard, et une petite fille qui s’appelle Amanda. »

 

Le soir, elle parla  à Jack de Noël et de la demande de Kathie. Il était d’accord avec elle. La seule difficulté résidait dans ce qu’ils allaient dire à Marc. Jacob, lui, comprendrait l’histoire de la réalité alternée. Ils appréhendaient tout de même sa réaction face à leur relation.

Ils n’eurent pas longtemps à attendre. Le lendemain après-midi, ils faisaient une bataille de boules de neige avec Kathie et Général dans le jardin. Le chien, qui avait presque atteind sa taille adulte, s’amusait à courir autour d’eux en aboyant joyeusement. Son poil blanc se confondait presque avec la neige du jardin, derrière la maison. Tout à coup, il arrêta ses jeux et se dressa vers l’angle qui séparait leur espace de jeu de l’autre jardin, celui qui était devant la maison, les oreilles dressées, tout le corps en alerte. Il grognait légèrement.  Perdus dans leur jeu, Sam, Jack et Kathie ne s’étaient aperçus de rien et on pouvait entendre leurs rires et les cris perçants de la petite fille.

Jacob et le général Hammond regardaient la scène avec étonnement. Ils avaient été attirés de ce côté du jardin par les cris et les rires. Ils voyaient Jack se cacher derrière un banc et lancer une boule à une petite fille, tandis que Sam visait son supérieur sans qu’il le remarque.

 

« Maman ! Papa triche, protesta Kathie après avoir reçu le projectile sur la poitrine alors que celui qu’elle avait envoyé à son père avait attéri sur le banc. »

 

« On va se venger, ma chérie ! fit Sam en lançant à son tour la boule de neige sur Jack. »

 

« Hé ! C’est pas juste, vous êtes deux contre moi ! »

 

« C’est toi qui voulais une bataille filles contre homme, mon amour. »

 

« PAPY JACOB ! PAPY GEORGE ! hurla la petite fille en s’apercevant de la présence des deux hommes. »

 

Sam et Jack restèrent figés sur place alors qu’un petit bolide en manteau et bonnet rouges fonçaient vers leux visiteurs. Jacob le reçut dans les jambes. Il n’eut pas le réflexe de la prendre dans ses bras, trop choqué. Sam et Jack réagirent enfin et allèrent vers les deux visiteurs.

 

« Ben, tu n’es pas content de me voir, papy ? demanda Kathie alors que ses yeux se remplissaient de larmes. Tu sais, je n’ai pas fait exprès de renverser ton café, la denrière fois. Et je ne voulais pas vraiment être méchante, quand j’ai déclenché l’alarme à la base… »

 

Ni Jacob, ni le général Hammond ne comprenait ce que racontait cette petite fille, mélange parfait de Sam et Jack. Mais devant la détresse apparente de l’enfant, Jacob la prit enfin dans ses bras pour la consoler et l’embrassa.

 

« Tu ne m’en veux pas ? »

 

« Euh… non, bien sûr. »

 

« Tant mieux. Et Selmac ne m’en veut pas non plus ? »

 

« Pourquoi devrait-il t’en vouloir ? »

 

« Ben, euh… pour rien. Tu m’as manqué, papy. »

 

Elle tendit les bras à Hammond, qui fut bien obligé de la prendre à son tour. « Toi aussi, tu m’as manqué papy George. »

 

Et pendant qu’elle expliquait à un général éberlué pourquoi elle aurait soi-disant déclenché l’alarme au SGC (une histoire de test sur le système) Jacob regarda les deux parents, plus que mal à l’aise.

 

« Bonjour, Sammie. Salut Jack… On peut savoir ? »

 

En embrassant son père, Sam chuchota : « On t’expliquera. »

 

« Oh, papy Jacob, papy George, papa et maman m’ont offert un chien : il s’appelle Général ! »

 

« Si on entrait, proposa Jack. On pourra tout vous expliquer. »

 

« Ce n’est pas de refus, Jack, approuva Hammond. »

 

Une fois à l’intérieur, Sam s’occupa d’aider à Kathie à s’extraire de son manteau. Une fois mouffles, bonnet et manteau enlevés, Sam proposa à sa fille d’aller faire un dessin pour ses deux ‘papys’, afin de pouvoir expliquer à ces derniers ce qui se passait. Kathie disparut aussitôt dans les escaliers.

 

« Auriez-vous oublié de nous dire que vous aviez un enfant ensemble ? demanda Jacob. »

 

« Nous attendions le bon moment, dit Sam. »

 

« Elle a quel âge ? Cinq ans ? Six ans ? Et pendant tout ce temps-là, ce n’était pas le bon moment ? »

 

« Ce n’est pas ce que vous croyez, monsieur, intervint Jack en regardant Hammond qui venait de parler. »

 

Ils racontèrent aux deux hommes la vérité. Jacob et Hammond écoutèrent en silence.  Quand le couple eut fini de parler, Hammond demanda enfin :

 

« Pourquoi nous l’avoir caché ? »

 

« Parce que nous avons utilisé un moyen illégal pour faire de Kathie notre fille légitime. Et aussi parce que nous avions peur qu’elle ne nous soit enlevée à cause du règlement. »

 

« Depuis combien de temps vit-elle avec vous ? »

 

« Depuis neuf mois, papa. Et… Jack et moi vivons aussi ensemble depuis le même laps de temps, autant vous le dire tout de suite. »

 

« Sam, Jack, vous auriez dû m’en parler. Je vous connais assez pour vous faire confiance, et je vois avec tristesse que la réciproque n’est pas vraie. Cependant, vous ne pouviez pas savoir que j’aurais couvert votre petite ‘fraude’… Et il s’agissait de l’avenir de l’enfant de vos doubles… »

 

« De notre enfant, mon général, coupa Sam. »

 

Hammond sourit : « Bien entendu, Sam… En ce qui concerne votre couple, laissez moi vous dire que le règlement n’est qu’une ligne de conduite, un guide. Comme je vous l’ai dit, je vous fait confiance, et c’est pourquoi je vous laisse de temps à autre l’enfreindre. Donc, nous dirons que cette relation fait partie de ces libertés que je vous accorde. »

 

« Merci. »

 

Quelques jours plus tard, Sam et Jack passaient leur premier Noël en compagnie de leur fille. Marc, sa femme et ses enfants étaient venus de San Diego pour la fête.  Vu la ressemblance de Kathie avec ses parents, il était difficile de faire croire à une adoption. C’est pourquoi, on leur avait dit que Sam et Jack avaient caché cette naissance à tout le monde en raison du règlement et qu’on venait tout juste de découvrir la vérité, ce qui n’était pas totalement un mensonge, après tout. Janet, Daniel, Teal’c, Cassandra et Jacob étaient aussi présents. Pour cacher son tatouage, Teal’c portait un bonnet de Père Noël. La soirée fut une réussite. Le lendemain matin, Sam et Jack assitèrent émus à l’ouverture des cadeaux que Kathie trouva sous le sapin. Pendant qu’elle s’extasiait sur les milles merveilles que le père Noël lui avait apportées, Sam se tourna vers Jack :

 

« L’an prochain, on aura un invité de plus à cette cérémonie, dit-elle. »

 

« Qui ? »

 

« Oh, il fera moins de bruit, je pense, il aura tout juste six mois. »

 

FIN

 

 

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