La mission de sauvetage

Par Akhésa

 

Auteur :Akhésa

E-mail : Akhesa_fr@hotmail.com

Résumé : SG1 doit aider les Tok’ra et les Tollans à récupérer une équipe scientifique composée de membres de ces peuples…

Spoiler : saison 4

Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, et vous connaissez la suite…

Jack était de mauvaise humeur. Non seulement, il avait fallut accepter d’épauler les Tok’ra dans cette mission – et Dieu sait s’il n’aimait pas les Tok’ra – mais encore, il avait dû accepter sans broncher la présence de ce Tollan présomptueux, Narim, - et s’il y avait un peuple que Jack supportait encore moins que les Tok’ra, c’était les Tollans, et plus particulièrement ce Narim. Ils avaient pour mission de venir en aide à quelques Tok’ra disparus lors d’une mission sur une planète normalement déserte. Ces disparus étaient des archéologues, parmi lesquels, un envoyé de Tollana. Depuis que les deux peuples s’étaient entraidés, une alliance scientifique s’étaient créée, ce qui expliquait que leurs savants travaillaient parfois ensemble. Narim avait été dépêché par le chambellan de Tollana pour aider Sg1 et les Tok’ra à retrouver les archéologues. Il conversait, pour le moment, avec Sam Carter, dans le salon du vaisseau spatial mis à leur disposition, car la planète sur laquelle ils se rendaient n’avait pas de Porte des Etoiles. Du coin de l’œil, rongeant sa mauvaise humeur, Jack les observait.

« Colonel O’Neill, puis-je me joindre à vous ? »

Il leva la tête et découvrit Freya, qui lui offrait son plus beau sourire. Il n’était pas à l’aise avec elle depuis qu’elle lui avait avoué qu’elle était attirée par lui. Sans compter toute cette affaire de deux personnes dans un seul corps… Cependant, durant ces deux jours de voyage, il avait appris à l’apprécier un peu mieux.

« Oui. »

« Je vous ai amené du café. J’ai remarqué que votre peuple apprécie beaucoup ce breuvage. »

« C’est gentil… »

Ils commencèrent à parler et, une fois de plus, Jack remarqua que la jeune femme n’était pas insensible à son humour.

De l’autre côté de la salle du vaisseau Tok’ra, Sam observait d’un œil irrité le couple formé par Jack et Freya. Ils riaient tous les deux. Elle se doutait depuis quelques temps que la jeune archéologue Tok’ra avait le béguin pour Jack (elle en avait été sûre le jour où Anise avait fait semblant de se tromper sur un message de Jacob : « votre père m’a demandé de vous serrer la main et d’embrasser le colonel sur le front, avait-elle dit ». Or Sam savait qu’on pouvait se fier à la mémoire d’Anise ou de Freya, peu importait ! ) et elle n’aimait pas du tout ça ! Depuis deux jours, elle réfrénait difficilement l’envie de massacrer cette femelle serpent !

« Samantha, vous me suivez ? demanda Narim, conscient que la jeune femme ne s’intéressait plus à la conversation. »

« Oui ? Oh, pardon ! J’avais l’esprit ailleurs. »

Narim suivit son regard. Il vit à son tour le colonel O’Neill en grande conversation avec la belle Tok’ra.

« J’ai l’impression qu’il y a quelque chose entre eux… Vous voyez bien que ce n’est pas impossible, malgré la différence de planète et de culture, Samantha. »

Sa voix avait une insinuation que Sam n’aimait pas. Elle se savait aimée par le Tollan, mais ce n’était pas réciproque. D’ailleurs, ce n’était pas l’endroit pour en parler : aux commandes de l’appareil, son père, Oldrin et Teal’c pouvaient éventuellement les entendre, s’ils prêtaient l’oreille.

« Il n’y a rien entre le colonel et elle, coupa t-elle d’une voix sèche. D’ailleurs, il n’aime pas beaucoup les Tok’ra. »

« On se demande s’il existe un peuple qu’il aime. »

« Les Nox. Et il adore les Asgard, sourit-elle. »

« Nous allons entrer dans l’atmosphère de Narlac dans cinq minutes, prévint Oldrin. »

« Carter, où sont Daniel et Doc ? demanda Jack, en se levant pour rejoindre les sièges de sécurité. »

« Je n’en sais rien, ils sont partis, il y a une heure. »

Janet les avait en effet accompagnés. Elle avait un congé de quinze jours, et elle souhait participer à une mission avec SG1. Le général avait accédé sans difficulté à sa requête. Jack lança un appel radio aux deux disparus et en trois minutes, ils arrivèrent dans la salle des commandes. Ils prirent place sur les sièges libres et s’attachèrent. Ils n’eurent pas l’occasion d’expliquer leur disparition : le vaisseau entrait dans l’atmosphère, et la pression était à la limite du supportable. Il y eut un grand choc, comme si quelque chose s’était rompu, puis tout redevint normal.

Une fois le cargo posé sur le sol de Narlac, Jacob et Oldrin échangèrent un regard.

« On dirait que les condensateurs n’ont pas tenu le choc, émit Oldrin. »

« C’est ce qu’il m’a semblé, dit Teal’c. La pression atmosphérique de cette planète est dense. Sans doute est-ce cela qui a causé cette défaillance. Je vais voir. »

« Bonne idée, Teal’c, approuva Jacob. Oldrin, pouvez-vous vous mettre en contact avec les nôtres ? »

« Je viens vous aider, Teal’c, proposa Narim. Excusez-moi, Samantha. »

« Non, mais il se croit indispensable à quel point, celui-là, marmonna Jack. »

Il ne fut entendu que de Daniel. Pendant que les Tok’ra essayaient de repérer le vaisseau de leurs scientifiques, Janet, Jack, Sam et Daniel décidèrent d’aller dehors en reconnaissance.

« Ok, Daniel, Carter, vous allez par-là. Doc, vous venez avec moi. »

Sam et Daniel allèrent donc, selon les ordres du colonel, vers la gauche.

« La planète est déserte, dit Daniel. D’après ce que m’a dit Anise, la civilisation qui a vécu ici, il y a des centaines d’années, s’est éteinte de façon mystérieuse, laissant derrière elle un immense héritage scientifique. »

Sam ne répondit rien, perdue dans ses pensées. Daniel la regarda.

« Quelque chose ne va pas, Sam ? »

« Non, tout va bien. »

« Narim vous a encore fait des avances ? »

« Oui. Je commence à en avoir assez. Je ne sais pas comment le décourager. »

« Dites-lui la vérité. »

« Je lui ai déjà dit, plusieurs fois que je ne voyais en lui qu’un ami. Cela ne lui suffit pas de le savoir, il pense qu’il a sa chance, surtout depuis la mort de Martouf. »

« Martouf ? Ah ! il savait, pour Jolinar et lui. »

« Oui, je lui ai dit, vaguement, lors du procès de Klorel. » Elle soupira. « Daniel, pourquoi est-ce si compliqué ? »

« Peut-être parce qu’il n’a pas compris que Martouf n’était aussi qu’un ami pour vous et que votre cœur est pris ailleurs. »

« Aucune trace des archéologues, par ici. Rentrons. »

Il comprit qu’elle tentait de mettre fin à la conversation, pour éviter de parler du sujet qui la travaillait vraiment et de la vraie cause de son refus de Narim.

Ils retrouvèrent les autres près du vaisseau. Narim, Teal’c, Jacob et Oldrin discutaient près de l’entrée de l’appareil et Janet, Jack et Freya étaient assis sur une souche. Sam sentit un pincement au cœur. Perdait-elle Jack ? Elle n’aurait pu le supporter.

« Nous avons retrouvé la trace du vaisseau, dit Jacob, à leur arrivée. Il est à une centaine de kilomètres au nord d’ici. Mais nous n’arrivons pas à prendre contact avec les nôtres. »

« S’ils sont vivants, dit Freya, ils auront vu le vaisseau atterrir. Ils viendront vers nous. »

« Il leur faudra combien de temps ? »

« Deux jours, tout au plus, répondit Jacob. S’ils ne sont pas là, une fois le laps de temps écoulé, nous aviserons. »

« Notre propre vaisseau a subi quelques avaries, dit Teal’c. Il nous faudra au moins trois jours pour le réparer. »

« Génial, siffla Jack. Nous voici sur une planète fantôme, sans possibilité de nous échapper. »

« Jack, je ne sais pas ce que vous en pensez, fit Jacob en désignant la rivière avec un sourire de prédateur. »

Jack eut le même sourire.

« On peut essayer. »

Les autres les regardèrent sans comprendre. Puis Sam, malgré elle, laissa échapper un rire.

« Ne me dites pas que vous avez emmené de quoi pêcher ? »

« C’est la devise de l’Air Force : toujours être prêt. J’avais repéré cette rivière sur la carte fournie par la précédente équipe d’archéologue. Nous avons pensé qu’il nous faudrait peut-être du temps pour retrouver ces petits gars… En attendant, il faut s’organiser. Nous devons passer au moins trois jours ici. Anise, j’ai encore besoin de vous, à l’intérieur, dit Jacob. »

Oldrin, Teal’c et Narim s’attachèrent à évaluer les dégâts de l’appareil plus en profondeur. Les quatre autres n’avaient pas grand-chose à faire.

« J’ai envie d’aller examiner les ruines que j’ai vues tout à l’heure, fit Daniel. Vous venez ? »

« Non, merci, Daniel, répondit Jack. Je préfère aller me promener de ce côté, loin de tout ce qui ressemble à un artefact.»

« Tant pis. Mais je remarque que pour une fois, vous n’avez pas appelé cela une roche ! Janet ? »

« Moi, je viens, décida Janet. »

Sam regarda le couple partir. Jack s’était éloigné de son côté, vers la forêt. Sur une impulsion, elle suivit sa trace. Quelques mètres plus loin, hors de vue du vaisseau, elle le vit, adossé à un arbre, les yeux dans le vague. Elle s’approcha.

« Mon colonel ? »

« Oui, Carter ? »

Il ne la regardait pas. Elle en eut le cœur serré. Il ne lui avait pas dit deux mots depuis la veille. C’était comme si elle ne l’intéressait plus.

« Je… je crois que nous devrions parler. »

« Votre petit génie arrogant étant occupé, il vous faut une roue de secours, major ? »

Elle en eut le souffle coupé. Comment osait-il, après s’être comporté de la sorte avec Freya ? Sa colère se déclencha, comme une vague puissante.

« Quoi ? Je vous signale que c’est vous, qui, depuis notre départ, m’ignorez ! Vous n’avez d’yeux que pour cette poupée Barbie Tok’ra ! »

« De quoi parlez-vous ? du moment où ce gars a franchi la porte des étoiles, rien d’autre n’existait plus ! »

« Non, mais je rêve ! Si vous étiez moins occupez à déshabiller Freya du regard, pour ce qui reste à enlever ce n’est pas un grand boulot, d’ailleurs, vous auriez vu que… »

Elle n’acheva pas sa phrase. Ils se regardèrent, stupéfaits. Ils réalisèrent enfin qu’un malentendu s’était glissé entre eux. Ils eurent un petit sourire timide, réalisant que leurs sentiments réciproques étaient les mêmes.

« Je suis désolée de m’être emportée, murmura Sam. »

« Et moi d’avoir été aussi grossier, à l’instant. »

Ils ne savaient pas quoi faire. Leur accord de ne pas parler de leurs sentiments avait été, plus ou moins, rompu, par cette petite scène de jalousie réciproque.

« Etes-vous attiré par elle ? demanda t-elle en hésitant. »

« Non. Je pense qu’avec le temps, on peut la trouver sympathique, pour une Tok’ra, mais c’est tout… Et entre Narim et vous ? »

« Il voudrait bien. Mais c’est impossible. Je n’ai pas d’attirance pour lui. »

Ses yeux exprimaient clairement où allait son attirance. Jack fit un effort phénoménal pour ne pas la prendre dans ses bras.

« Vous avez raison, je crois que nous devons parler, dit-il. On marche ? »

C’était plus sûr que de rester debout à se regarder dans les yeux, avec le risque de tomber dans les bras l’un de l’autre. Ils entamèrent la marche, s’enfonçant dans les bois.

« Freya a essayé, une fois ou deux, de… comment dire ? d’entamer une relation sentimentale avec moi. »

« Elle a osé ? »

« Elle m’a dit qu’elle était amoureuse de moi, mais qu’il y avait conflit avec Anise, plus attirée par Daniel… »

« Elle vous a embrassé ? »

« Comment le savez-vous ? »

« Je ne sais pas. Je m’en doutais. »

« Je lui ai dit que c’était impossible, et je crois qu’elle a compris mes raisons, quelques heures après son baiser. »

« Comment ? »

« C’était le jour de la signature du traité de l’Alliance des Nations… »

« Ah ! oui… je vois. »

Le jour où ils avaient dû avouer qu’ils avaient des sentiments l’un pour l’autre…

« Daniel m’a dit que Narim et vous avez été ensemble, un jour. »

« Non ! Narim m’a embrassée, c’est vrai, mais… à l’époque, j’avais du mal à faire le tri dans mes sentiments. Il y avait ceux de Jolinar mêlés étroitement aux miens… Mais, si je suis honnête avec moi-même, ceci n’était qu’une excuse… Je refusais encore de voir la vraie raison. »

Il y eut un silence. Ils firent quelques pas encore, puis Jack demanda :

« Quand avez-vous compris ? »

« Edora, chuchota t-elle, surprise de constater combien le nom de cette planète lui était encore difficile à prononcer. Et… vous ? »

« Jolinar. »

Elle s’arrêta de marcher, sous le choc de la découverte. Ainsi, Jack savait qu’il l’aimait un an avant qu’elle-même ne se rende vraiment compte de ses propres sentiments ? Elle se doutait déjà que son affection pour lui était à la limite de l’attirance physique ; il y avait toujours eu, depuis le début, ce flirt, qui était le seul moyen de tempérer la tension sexuelle entre eux, mais elle n’avait compris qu’elle était tellement amoureuse de lui qu’elle ne pouvait imaginer la vie sans lui que lorsqu’il était piégé sur Edora. Elle ne pouvait évoquer cette période de sa vie, sans ressentir de douleur. Là-bas, il avait eu une liaison…

« Alors pourquoi… avez-vous demandé à Laira de venir avec vous ? »

La question avait été posée dans un souffle. Jack entendit des larmes dans sa voix.

« J’étais perdu, Sam. Je ne savais plus… Je suis désolé. »

« Je comprends. »

Elle s’assit sur un rocher moussu et il vint près d’elle.

« Je ne l’ai jamais aimée, Sam. Avec le temps, j’aurais pu m’attacher à elle, mais… il y aurait toujours eu entre elle et moi le souvenir d’un visage, d’un sourire merveilleux, et des deux plus magnifiques yeux bleus que j’ai pu voir dans ma vie. »

Le fameux sourire éclaira le visage de Sam. Elle détourna son regard. Malgré elle, elle était grisée de joie, d’orgueil, en découvrant enfin que Laira n’avait jamais été une menace sérieuse. Jack l’aimait elle !

« Vous me pardonnez ? »

« Oui. D’ailleurs, les circonstances étaient… particulières, c’est vrai. Cependant… »

« Quoi ? demanda Jack, inquiet de son brusque silence. »

« Puisque nous parlons enfin à cœur ouvert, j’ai envie de vous poser une question : pourquoi avez-vous embrassé mon double ? »

Jack eut un sourire amusé : il n’aurait jamais cru que Sam puisse être jalouse à ce point.

« Parce qu’elle en avait besoin. Parce qu’elle était vous, d’une certaine façon… Parce que je voulais savoir quel effet cela faisait d’embrasser Sam Carter. »

Elle sourit à son tour. Elle posa sa tête contre l’épaule de Jack, exactement comme sur cette planète où ils avaient perdu la mémoire.

« Vous m’aviez déjà embrassée. »

« C’était différent, vous étiez malade. »

« Et alors ? Elle ? »

« Alors, elle n’était pas vous… »

Un autre silence suivit. Silence pendant lequel, Sam, promenant son regard sur les alentours, avisa un buisson de ronces, chargé de fruits, juste à portée de main. Des mûres. Elle n’en avait pas mangé depuis longtemps. Machinalement, elle en cueillit une qu’elle porta à sa bouche. C’était délicieux.

« Plus tard, continua Jack en hésitant, j’ai su. »

« Vous avez su quoi ? »

« Ce que c’était… »

La main de Sam, qui se tendait une fois de plus vers le mûrier, s’arrêta. Elle n’avait aucun souvenir d’avoir embrassé Jack après la visite de son double. Elle eut une révélation.

« La boucle temporelle ? »

« Oui. »

« Que s’est-il passé ? demanda t-elle d’une voix blanche. »

« J’ai signé ma démission, je l’ai tendue au général et je vous ai embrassée. »

Elle rougit, incapable de s’en souvenir. En tout cas, l’attitude de Jack, quand Daniel lui avait demandé ce qui s’était passé s’expliquait.

« Et ? »

« Vous avez répondu à mon baiser, et je me suis retrouvé à manger ses céréales… »

Elle ne put empêcher un petit rire amusé s’échapper de ses lèvres.

« Vous l’avez tendue au général et vous m’avez embrassée ? Devant lui ? »

« Oui. »

Elle essaya d’imaginer la scène. C’était impossible.

« Sam ? »

« Oui ? »

« Je… devrais me sentir désolé de vous avoir volé ce baiser, en sachant que vous n’en garderiez aucun souvenir, mais… je n’y arrive pas. C’est un des plus beaux souvenirs de ma vie. »

« C’est dommage… J’aurais aimé me souvenir. »

« Je peux vous le montrer. »

Elle le regarda.. Il avait l’air sérieux, mais avec cette lueur timide dans le regard. Elle lui sourit. Il se leva et lui tendit la main. Elle la prit et se leva à son tour. Une fois qu’elle fut en face de lui, il encadra son visage dans ses mains. Elle sentit son cœur s’accélérer quand le visage de Jack s’approcha du sien. Bientôt, elle sentit les lèvres du colonel prendre possession des siennes, avec passion. Avant même qu’elle puisse songer à apprécier le baiser, il la renversa, approfondissant la caresse, sa langue se frayant un passage dans la bouche de Sam, entamant un duel sensuel. Elle fut prise d’une douce sensation de vertige. Elle sentit les bras forts de Jack la relever. Lentement, ils brisèrent le baiser.

Quand ils se regardèrent, ils virent l’un sur le visage de l’autre un doux sourire. Jack remit en place une mèche blonde de Sam, qui lui était tombée sur le visage. Leurs lèvres se joignirent de nouveau. Tendrement, il la coucha sur le rocher de mousse, se couchant sur elle. Il plongea dans son regard, quand ils rompirent le baiser.

« Je t’aime… »

« Moi aussi, je t’aime, Jack, répondit-elle en l’attirant contre lui pour l’embrasser de nouveau. »

L’instant fut brisé par la voix de Jacob dans la radio.

« Sam ? Tu m’entends ? »

Ils séparèrent leurs visages. Sam prit l’appel, tout en caressant le dos de Jack et en appréciant son poids sur son corps.

« Oui, papa. Je t’écoute. »

« En fait, je m’inquiétais… Où êtes-vous, passés, tous ? »

« Janet et Daniel sont allés examiner les ruines… Le colonel et moi… nous sommes allés nous promener, et nous… avons trouvé des mûres. Nous sommes en train d’en cueillir, pour le dessert. »

« Je vois. Jack, n’oubliez pas que nous avons une rivière pleine de poissons qui nous attend. »

« Pas de problème, Jacob. Nous en finissons avec… les mûres, et nous arrivons. »

Ils coupèrent la communication et éclatèrent de rire. Jack s’empara de la bouche de Sam, l’embrassa avec fougue, puis lui dit :

« Nous devons maintenant les cueillir, tes mûres. »

« Il fallait bien trouver une excuse. Imagine la réaction de papa, si je lui avais dit : ‘nous sommes allés nous promener pour parler de notre relation amoureuse, nous avons fini par nous embrasser, et en fait, là, tu nous déranges.’ De plus, elles sont délicieuses, ces mûres. »

« Je sais : j’en ai trouvé le goût dans ta bouche. »

En riant, ils se levèrent. Sam regarda autour d’elle. Certes, il y avait des mûres, mais…

« Comment allons-nous les transporter ? »

« Il suffit de faire un panier, major, dit Jack en sortant son couteau de sa poche. »

Elle le regarda sans comprendre. Il élagua une large feuille d’une plante qu’ils n’avaient jamais vue et la posa sur le sol. Puis, il coupa de l’herbe, haute et solide.

« Que vas-tu faire ? »

« Tu verras… »

Il plia la feuille, fit quelques trous dans lesquels il passa les brindilles. Il fit de même sur les quatre bords de la feuille, laquelle devint un large panier. Il le lui tendit. Elle lui sourit.

« Pas mal, approuva t-elle. »

Ils se mirent en devoir de cueillir les baies. Jack s’amusa en constatant que Sam en mettait plus dans sa bouche que dans le panier.

« Tu fais la même chose, se récria t-elle alors qu’il lui en faisait la remarque. »

« C’est vrai. A ce rythme là, on en a pour des siècle. »

« Ok. Pensons aux autres… »

Ils se remirent au travail. Bientôt, le panier fut plein. Ils rebroussèrent chemin, Jack portant le panier d’une main, et enroulant les hanches de Sam de l’autre. Elle avait passé son bras sous celui de Jack, la tête contre son torse. Ils marchaient à pas lents.

« Je me sens bien avec toi, murmura Sam. Je t’aime tellement, Jack ! »

« Je t’aime aussi, Samantha. »

« Jack, nous savons tous les deux ce qui nous attend, si quelqu’un découvre notre liaison. Es-tu sûr de le vouloir ? »

« Je le suis. Je l’ai été depuis le jour où je t’ai invitée à m’accompagner dans le Minnesota. J’avais résolu de te dire la vérité sur mes sentiments là-bas, si tu acceptais. »

« J’ai failli, tu sais. Quand je suis venue vers toi, c’était pour accepter. Et j’ai vu ce soldat, derrière toi, j’ai perdu tous mes moyens. »

« Et Thor est venu… »

« Après, à chaque fois, j’ai eu peur… Surtout quand j’ai compris que tu m’aimais aussi. »

« Je m’en doutais… Nous approchons du camp. »

Ils se séparèrent. A la sortie du bois, ils virent la masse imposante du cargo. Teal’c était absent. Daniel et Janet étaient rentrés de leur expédition, et discutaient avec Anise, Oldrin et Narim. Jacob, près de la rivière, examinait son matériel de pêche.

« Où étiez-vous passés ? demanda Daniel en les apercevant. »

Jack souleva son panier de mûres tandis que Jacob se rapprocha du groupe.

« Carter avait perdu la notion du temps, dans les bois, répondit-il. Si je l’avais laissée faire, il n’y en aurait pas eu pour les autres. »

« Sam a toujours adoré les mûres, dit Jacob. Elle se cachait toujours pour les manger. Et quand on lui demandait si c’était elle, elle le niait, la bouche toute barbouillée ! »

« Papa ! J’étais encore enfant ! »

« La différence n’était pas grande, tout à l’heure, nia Jack. »

« Si je me souviens bien, vous n’étiez pas en reste, monsieur, lui sourit-elle. »

Daniel et Janet se regardèrent, heureux de voir que la tension s’était évaporée entre les deux officiers. Il y avait même quelque chose de différent : une lueur heureuse dans leurs regards.

« Elles ne sont pas toxiques, au moins ? demanda le médecin. »

« Vu ce que Carter a mangé, elle serait raide morte, dans ce cas. Où est Teal’c ? »

« Quand il a su que nous allions pêcher, il s’est proposé d’aller à la recherche de quelque chose qui pourrait agrémenter notre repas, répondit Jacob. Nous avons eu des nouvelles de l’équipe Tok’ra : ils sont en route pour nous retrouver. Ils sont eu une panne de vaisseau, exactement comme nous… En attendant, Jack, il y a des truites grosses comme ça, ajouta t-il en faisant un geste de la main. Elles n’attendent que nous. »

« Allons-y, alors. »

« Donnez-moi le panier, mon colonel, proposa Sam. »

« Oh non ! Tenez Janet, je vous le confie, et si vous tenez à en avoir pour le dessert, mettez-le hors de portée d’un certain major. »

Il tendit la panier à Janet avant d’échanger un regard complice avec Sam. Elle lui tira la langue. Après un sourire, Jack s’en alla avec Jacob.

« Je vais faire un tour, dit Freya en se levant. »

« Quant à moi, je retourne examiner les moteurs, proposa Oldrin. Je peux compter sur vous, Narim ? »

Les deux hommes s’éloignèrent vers le vaisseau. Sam, prenant place sur le sol, comme ses compagnons, demanda à Daniel comment s’était passé son expédition. L’archéologue se lança alors dans une description passionnée, qui dura jusqu’au retour de Teal’c, qui avait rapporté des pommes de terres, du poivre sauvage, des oignons, du persil et d’autres herbes. Au retour des deux pêcheurs, ramenant dix belles truites, ils allumèrent le feu, la nuit commençant à tomber.

« Je me charge de préparer le repas, dit Jacob. »

Pendant ce temps, les autres discutèrent archéologues disparus. Le fait que les deux vaisseaux aient subi des avaries laissait supposer que c’était bien l’atmosphère de la planète, au moment où les cargos entraient en contact avec elle, qui avait déclenché les pannes. Anise/Freya, qui avait disparu depuis un moment, revint, portant deux grandes amphores.

« Quand le colonel O’Neill et le major Carter ont parlé de mûres, dit-elle, je suis retournée en cueillir. J’en ai fait un vin que le peuple dont je suis originaire aime particulièrement. »

« Un vin ? en si peu de temps ? releva Jack. »

« La technologie Goa’uld ne sert pas qu’à la guerre, colonel O’Neill, répliqua t-elle avec un sourire. »

Sam sentit la main de Jack dans son dos. Ils s’étaient assis côte à côte, selon leur habitude. Elle lui adressa à son tour un sourire, dans la pénombre.

« C’est prêt, annonça Jacob. Nous allons pouvoir manger. »

Le lendemain, la délégation archéologique Tok’ra prit contact pour annoncer leur arrivée pour la prochaine matinée. Anise, Daniel et Janet décidèrent de se rendre sur les ruines les plus proches, pendant que les autres Tok’ra et Narim travaillaient sur la panne du vaisseau avec Teal’c.

« Désirez-vous nous accompagner, colonel ? demanda Freya. »

« C’est gentil, mais toutes ces roches, ce n’est pas ma tasse de thé. Je vais pêcher. »

« Sam ? fit à son tour Janet. »

« Non, merci, répondit la jeune scientifique en rougissant. On pourrait avoir besoin de moi ici. »

Anise, Daniel et Janet s’en allèrent, et le médecin se demanda si Sam parlait des «réparateurs » ou du colonel en disant qu’on aurait besoin d’elle. Elle n’avait pas encore eu le temps d’interroger son amie sur sa promenade de la veille avec O’Neill, mais se promettait d’en trouver l’occasion pendant le déjeuner.

Dès que leurs amis furent éloignés, Sam et Jack prirent le chemin inverse. Une fois hors de vue du vaisseau, ils se prirent la main et marchèrent jusqu’à ce qu’ils trouvent un endroit qui leur plaisait. Il s’agissait, en l’occurrence, d’une berge de la rivière, en amont, abritée par la végétation. Ils en profitèrent pour se baigner, tout en batifolant. Après la baignade, ils s’étendirent sur l’herbe, et se repurent d’amour.

Bien plus tard, couchée sur Jack, la tête nichée dans son cou, alors qu’il la caressait, Sam murmura, comme à regret :

« C’est bientôt l’heure du rendez-vous avec les autres. »

« Allons-y… tu sais quoi ? »

« Quoi ? »

« Je reprendrais bien des vacances avec Air Tok’ra, la prochaine fois. »

Elle étouffa son rire dans le cou de Jack. Puis, elle se leva et commença à s’habiller. Il fit de même.

« Remarque, c’est vrai, dit-elle. Ils auraient très bien pu se débrouiller sans nous. »

« Je te le dis, ils ont compris qu’ils ont abusé de nous, ces derniers temps et ont tenu à nous offrir un petit voyage d’agrément. Regarde : Anise et Daniel sont dans leur beurre avec les ruines archéologiques, Teal’c, Narim et Oldrin font joujou avec leur moteur, et ils ont l’air d’adorer ça, Jacob s’amuse à taquiner le poisson, j’y prends moi-même plaisir, toi, tu as le plus grand champ de mûres de la galaxie. »

« Nous pouvons appeler ça un ‘incentive travel’, mon amour : nous découvrons par la même occasion de nouveaux terrains d’entente, ce qui n’est pas négligeable, pour deux collaborateurs… »

« Il n’y a que Doc qui n’a pas de raison d’enfoncer des seringues dans les fesses des gens, elle doit s’ennuyer. »

« Ne crois pas ça, répliqua Sam en riant. Elle s’est découvert une passion pour l’archéologie. Et surtout pour un certain archéologue de Sg1. »

« Non ! Doc et le petit scarabée ? »

« Hum, hum. Je crois d’ailleurs qu’elle avance à grands pas dans son opération séduction. »

« Elle devrait se déguiser en momie : elle est sûre de ne pas rater son coup, comme ça. »

Le rire clair de Sam s’éleva, et Jack fut heureux de constater que son humour avait toujours le même effet sur elle. Ils rebroussèrent chemin.

Au camp, Daniel, Janet et Anise venaient d’arriver. Jacob avait déjà sorti les rations fournies par le SGC et les avait disposées sous un arbre, à l’abri du soleil. Quand il vit ses trois compagnons arriver, il fronça les sourcils :

« Où sont Sam et Jack ? »

« Nous pensions qu’ils étaient ici : ils nous ont dit qu’ils préféraient rester. »

« Non, nous ne les avons pas vus depuis votre départ. »

Un pli d’inquiétude barra le front de Jacob. Cette planète était peut-être déserte, mais on ne savait jamais.

« Ils sont sûrement ensemble, fit Freya amèrement. Après tout… »

Elle n’eut pas le temps de finir : Sam et Jack débouchaient de la forêt. Ils marchaient d’un pas égal vers leurs amis. Ils eurent conscience que tous les regards convergeaient vers eux.

« Nous avons exploré le terrain, expliqua Jack en souhaitant être assez convainquant. »

« Qu’avez-vous découvert ? demanda Freya, certaine qu’ils mentaient. »

« Une piscine, répondit Sam en souriant. Du moins un bassin naturel assez profond. Nous nous sommes baignés. C’est très agréable, par cette chaleur. »

Sous le regard de son père, elle rougit. Il commençait à se douter de quelque chose, elle en était certaine. Ils prirent leur repas, chacun parlant de ce qu’il avait découvert. L’équipe de Daniel parla du site, et supposa que la civilisation de la planète avait disparu suite à cataclysme naturel. Celle de Jacob leur apprit que les réparations avançaient à grands pas. Quand il eut fini, il se tourna vers Sam et Jack, les deux seuls qui n’avaient pas parlé de tout le repas. Certes, il voulait bien croire qu’ils avaient trouvé ce bassin et qu’ils s’y étaient baignés ( tout en se demandant dans quelle tenue Sam avait bien pu se baigner) mais ils n’y avaient certainement pas passé quatre heures. Jack réalisa que Jacob les scrutait, dans l’attente d’une réponse.

« Des arbres, la rivière, des arbres, des roches, des arbres. Ai-je dit des arbres ? »

Sam sourit, ravie de constater qu’il ne perdait pas l’occasion de se plaindre de la profusion d’arbres sur les planètes qu’ils visitaient. Du coup, cela leur fournissait une excuse. Elle sentit le regard de Narim peser sur elle. Soupirant, elle se dit qu’elle devrait lui dire une bonne fois pour toutes qu’elle ne l’aimait pas comme il l’aurait souhaité.

Dans l’après-midi, Jacob et Jack retournèrent à leur activité de pêche, tandis que Sam se joignit à l’équipe d’archéologie. Pendant qu’Anise et Daniel décryptaient une plaque sur les marches de ce qui avait dû être, selon leurs estimations, un temple, Janet entraîna Sam plus loin. Elle firent mine d’examiner une statuette, mais le médecin demanda :

« Que se passe t-il entre Jack et toi ? »

Au fard que son amie piqua, elle comprit qu’elle avait visé juste.

« Nous avons mis les choses au point, avoua Sam. J’ai admis que j’étais jalouse de Freya et de la façon dont il se comportait avec elle, et lui a reconnu que l’attitude de Narim à mon égard ne lui plaisait pas. »

Janet eut un grand sourire avide d’en savoir plus.

« Oh ! mais c’est un grand pas : vous avez enfin admis que vos sentiments sont plus forts que vous ne vouliez le faire croire ! Et que s’est–il passé ? »

« Janet ! J’ai l’impression de subir un interrogatoire ! Et toi et Daniel ? »

« Je te le dirais après. Raconte ! »

« En te passant tous les détails, purement sentimentaux, nous avons fait l’amour, ce matin. »

« De mieux en mieux, sourit Janet, ravie. Alors ? »

Sam rougit avant de répondre, avec un sourire timide.

« Alors, c’était magique… C’est la première fois que je ressens ça. C’est comme si nous avions uni, non seulement nos corps, mais aussi nos âmes. Je ne peux pas le décrire. »

« Tu n’en as pas besoin, ton visage est assez expressif. »

« Et toi ? Avec Daniel ? »

« Nous n’en sommes pas encore au même point que Jack et toi, mais c’est sur la bonne voie. Nous apprenons à mieux nous connaître. »

« C’est tout ? »

« Ok, on a passé pas mal de temps à s’embrasser, et il m’a dit qu’il m’aimait… »

« Sam ! Janet ! Venez voir, appela Daniel. »

Les deux femmes se levèrent. Avant de retrouver les deux archéologues, Sam se tourna vers son amie.

« Un petit conseil, Janet : méfie-toi de cette femme. »

« Freya ? J’ai plutôt l’impression qu’elle s’intéresse à Jack. »

« Oui, Freya s’intéresse à Jack, mais Anise est attirée par Daniel. »

« Bien reçu. »

« Regardez, dit Daniel en leur montrant la stèle qu’il étudiait. D’après la traduction sommaire que nous avons pu établir, il semblerait que ce peuple ait vénéré non pas un dieu, mais la science elle-même. »

« Ils l’appelaient la Source Divine, continua Anise. »

« Il est même possible que ce peuple ait disparu suite à une expérience qui aurait mal tourné. Ils parlaient d’un travail sur le cristal de roche. »

« Cette pierre contient une grande énergie, approuva Sam. »

« J’ai examiné leur cristal, dit Anise. La précédente équipe avait ramené des échantillons. Cette pierre contient du Naqquadah en forte quantité, sur cette planète. »

« Ce qui pourrait expliqué qu’une mauvaise manipulation ait pu les faire disparaître. »

« Il faudra attendre les autres, pour comparer les thèses, fit Anise d’un air songeur. »

« Janet, si vous voulez, nous pouvons retourner au camp, proposa Daniel. J’ai pris quelques plaques que je voudrais étudier. Je pourrais vous enseigner les bases de la langue inca, base de cette civilisation. »

Janet sourit à l’archéologue. L’intention de passer quelques temps avec elle, en tête à tête était évidente. Elle l’aida à porter les plaques et ils partirent vers le camp. Anise les suivit des yeux. Sam allait leur emboîter le pas, afin de retrouver son père et Jack, quand la voix métallique d’Anise la retint.

« Major, savez-vous si… enfin, s’il se passe quelque chose entre eux ? »

Sam regarda la jeune Tok’ra. En elle-même, elle se dit qu’elle ne manquait pas de culot. Elle ne résista pas au plaisir de contrarier Anise, et par la même occasion, Freya.

« Oui. Ils s’aiment. Ils forment un beau couple, non ? »

« Certainement, approuva la voix de Freya. Anise n’en est pas ravie, mais elle ne peut le nier. Je lui avais dit que le docteur Jackson ne pouvait que la faire souffrir. »

« D’ailleurs, continua Sam, il est difficilement imaginable, pour nous terriens, de concevoir une relation… intime avec l’un des vôtres. La double personnalité est trop complexe à gérer. »

« Vous avez bien eu une liaison avec Martouf, nia sèchement Freya. »

« Non. Jolinar était la compagne de Martouf, pas moi. Vu l’opposition de vos sentiments avec ceux de votre symbiote, vous devez comprendre que l’un ne va pas forcément avec l’autre. J’aimais beaucoup Martouf, c’est vrai, mais je n’ai jamais été amoureuse de lui. »

« Ce n’est pas ce qu’il disait. »

« Mais c’est pourtant la vérité. Je vous laisse, Freya. »

« Major ! la retint Freya. »

Sam se retourna.

« Oui ? »

« Jack O’Neill ne sacrifiera pas sa carrière pour vous. Nous sommes deux à vouloir le même homme. C’est à lui de choisir. »

« C’est fait, répliqua Sam avant de s’en aller. »

Elle se retrouva au camp. Daniel et Janet, assis à l’ombre d’un arbre, étudiaient les artefacts, tout en se regardant, de temps à autre, échangeant des sourires tendres. Narim et Oldrin avaient démonté le moteur principal, tandis que Teal’c s’occupait des condensateurs latéraux de l’appareil. Sur la berge, Jacob et Jack discutaient, l’œil rivé sur leurs cannes. Sam marcha vers eux, après avoir pris de l’eau, ainsi que des mûres cueillie le matin, avec elle.

« Ça mord ? »

« Regarde plutôt, fit Jacob en lui montrant deux brochets de belle taille. »

« Avec ça, nous avons de quoi dîner ce soir, répliqua t-elle. Pourquoi continuez-vous ? »

« Jacob, je crois que votre fille a vraiment besoin d’apprendre ce que c’est que pêcher. »

« J’ai essayé, Jack, je vous l’assure. Rien n’y fait. »

Sam s’assit près d’eux. Plus près de Jack que de n’importe quoi d’autre, nota Jacob avec amusement. En fait, sa fille était pratiquement collée au colonel.

« J’ai apporté de l’eau, si vous avez soif. »

Les deux hommes burent avec reconnaissance, tandis qu’elle même se délectait des baies. Jacob remonta sa ligne, et la relança. Pendant ce temps, Sam tendit un fruit à Jack. Il ouvrit la bouche et elle l’y glissa. Ils échangèrent un sourire complice. Elle recommença.

« C’est la première fois que je vois Sam en partager de si bon cœur, remarqua Jacob d’un ton moqueur. »

Les deux officiers ne purent s’empêcher de rougir. Ils pensaient que Jacob, occupé avec sa ligne, ne les avait pas vus. Jacob se contenta de leur sourire, d’un air entendu, puis demanda à Sam ce qu’ils avaient découvert sur le site des fouilles. Elle leur raconta les théories de Daniel et d’Anise.

« Tu apprécies Freya, papa ? demanda t-elle soudain. »

« Pourquoi cette question ? »

« Comme ça ! Disons que je viens d’avoir une conversation avec elle qui m’a énervée. C’est vrai que Martouf prétendait qu’il avait une… liaison avec moi ? »

Jack sursauta en l’entendant. Jacob hocha la tête.

« C’est ce que l’on racontait. Devant moi, il ne l’a jamais affirmé. Mais tout le monde le pensait. »

« Toi aussi ? »

« Je me suis posé des questions. Mais je suppose que ce n’était pas vrai. »

« Bien sûr que non ! Je n’étais pas Jolinar ! Je n’avais pas d’amour pour lui, juste une forte amitié. »

En disant ces mots, elle avait regardé Jack.

« Peut-on savoir pourquoi vous en êtes venues à parler de ça, ou c’est privé ? »

« Elle voulait me convaincre qu’une relation sentimentale entre terriens et aliens était possible. Je ne le nie pas, mais je n’en ai jamais vue. J’espère que Selmac me pardonnera, mais je trouverai… incongru d’avoir une relation sentimentale avec un Tok’ra ou un Goa’uld. »

Jacob ferma les yeux, et Selmac prit la parole.

« Bonjour, Samantha, bonjour, colonel O’Neill. »

« Bonjour, Selmac, firent les deux officiers. »

« Je ne vous en veux pas, Samantha. Je me doute que l’expérience que vous avez vécu avec Jolinar a été des plus pénibles, nous en avons déjà parlé. Et je suppose que votre propre guerre contre les Goa’uld vous a tous prévenus contre nous. »

« Il y a de ça, admit Sam. »

Selmac cligna des yeux et Jacob était de retour. Il sourit à sa fille.

« Selmac ne t’en veut pas. »

« C’est un brave gars, fit Jack en souriant en coin. »

Freya s’approcha du groupe. Sam, encore agacée par les propos de la jeune Tok’ra ne put s’empêcher d’en être irritée. L’alien fit un sourire ravageur au colonel.

« Colonel O’Neill, j’espère qu’un jour, j’aurais l’occasion de découvrir avec vous l’attrait que vous trouvez à cette activité. Jacob m’a dit que vous en étiez, comme lui, un fervent adepte. »

« Je ne pense pas que cela pourrait vous plaire, coupa Sam. Cela demande trop de patience. »

« Je suis archéologue, la patience est une de mes vertus, major. »

Jacob et Jack observaient, incrédules, le duel que les deux femmes se livraient du regard. Un «splash » annonça qu’un poisson avait mordu et les sauva d’une situation embarrassante. Jack se leva, sa ligne ployant sous le poids d’une truite. Il la remonta. Une fois le poisson près de la berge, Jacob l’ôta de l’hameçon. Il sourit à Jack, en lui tendant la prise.

« Elle est d’une taille respectable, Jack, apprécia t-il. A ce rythme là, nous pourrons faire une bouillabaisse de rivière pour ce soir. »

« Une bouillabaisse de rivière ? »

« Une spécialité de papa, Jack, dit Sam en riant tandis que Jacob notait l’usage du prénom. Quand il était tout jeune lieutenant, il a fait un stage, en France, à Marseille. Il a adapté leur recette de la bouillabaisse, fait avec des poissons d’eau de mer, aux poissons d’eau douce. C’est délicieux. »

« Sam, cette planète me semble riche en végétation. Tu veux bien voir si tu peux trouver les ingrédients dont j’aurais besoin ? »

« Bien entendu. Tu viens avec moi, mon amour ? »

Jack sentit ses joues s’enflammer. Il jeta un coup d’œil en biais à Jacob, qui semblait aussi surpris que lui de l’aveu de Sam. Certes, depuis la scène des mûres, quelques minutes plus tôt, ses soupçons sur la relation de Sam et Jack s’étaient étoffés, mais il ne pensait pas qu’elle l’admettrait devant lui aussi vite.

« Allez-y, Jack, je vais finir seul. »

« Freya pourra t’aider, proposa Sam. Elle a l’air de s’intéresser à la pêche. »

Elle tourna les talons, ravie de son coup. Jack la suivit un moment des yeux, puis se tourna vers Jacob, en évitant de croiser le regard courroucé de la jeune Tok’ra.

« Vous êtes sûr que cela ne vous ennuie pas ? »

« En ce qui concerne le fait de pêcher seul, non. Pour le reste, je ne sais pas encore. »

Mais son sourire heureux démentait ses propos. Jack le comprit et lui sourit en retour. Il se leva et alla rejoindre Sam, qui l’attendait, tenant un sac vide à la main.

« Je suis désolée, Jack, dit-elle. Je n’aurais pas dû agir comme ça, devant papa. Mais… »

« Ton père n’y vois aucun inconvénient, mon amour, rassura t-il en la prenant par la taille. Tu sais que tu es adorable, quand tu es jalouse ? »

« J’aimerai bien l’être moins. Mais je t’aime trop. »

Il l’embrassa sur le nez, et ils partirent à la recherche des ingrédients de la recette de Jacob.

Restée près de Jacob, Freya ne savait quelle contenance prendre. Elle avait compris qu’elle avait perdu la bataille. Sam avait réussi. Elle n’avait pas menti, quand elle avait dit que le choix était fait.

« Quand vous étiez de la Tauri, vous étiez aussi dans leur armée, n’est ce pas ? Les relations entre officiers ne sont-elles pas prohibées ? »

« Elles le sont, admit Jacob à contrecœur. Mais ils s’aiment. Cela ne les empêche pas de faire leur travail correctement. »

« Sauf qu’elle a déjà mis en danger la vie du colonel inutilement, à cause de leurs sentiments l’un pour l’autre. »

Elle lui raconta ce qu’elle avait appris lorsqu’elle avait dû les interroger sur ce qui s’était passé dans le vaisseau d’Apophis ; sans autorisation, ils avaient pris d’assaut le vaisseau en construction du Goa’uld. Sam était restée prisonnière d’un champ de force, quand son bracelet l’avait lâchée et Jack ne l’avait pas laissée, comme la prudence le recommandait pourtant. Il était resté, parce qu’il avait des sentiments pour Sam, ainsi qu’il l’avait avoué lors de l’interrogatoire.

« Je l’ignorais, dit Jacob. Mais je trouve que votre intérêt pour Sg1 est remarquable. »

« Je vous conseille de ne pas entrer sur ce terrain, Jacob. »

Sam et Jack avaient trouvé, près des ruines, ce qui avait dû être un potager, autrefois, mais, laissé à l’abandon, tout avait poussé sans contrôle. Ils cueillirent ce dont ils avaient besoin, puis, leur désir prenant le pas sur leur objectivité, ils se jetèrent l’un dans les bras de l’autre. C’était comme s’ils n’avaient jamais assez l’un de l’autre, les corps se rassasiant, pour en redemander… Ils revinrent une heure et demi plus tard au camp. Jack se proposa de s’occuper des légumes. Anise avait disparu dans le vaisseau. Jacob prit sa fille à part.

« Tu es sûre de ce que tu fais ? »

« Oui, je le suis. Je l’aime. »

« Et il t’aime, je le sais. Vous pourrez être heureux ensemble, je n’en doute pas, mais, il reste que vous avez le règlement de l’Air Force entre vous. »

« Nous prenons le risque. Ne t’en fais pas, papa, nous serons prudents. »

« Je l’espère. Je suis heureux pour toi, tu sais. »

« Je sais. Merci. »

Il prit sa fille dans ses bras et la serra contre lui. Ils allèrent vers le feu, où Jacob voulait nettoyer les poissons. Narim en profita pour demander à Sam un entretien. Elle accepta. Ils allèrent vers la rivière.

« Je ne vous ai presque pas vue, depuis que nous sommes ici, dit-il. »

« Je sais. Il y a les réparations. »

« Samantha, vous le savez, je ne suis pas du genre à m’intéresser aux rumeurs, mais j’ai besoin de savoir. Anise m’a dit que vous avez passé votre temps avec le colonel O’Neill. Elle prétend que vous avez une aventure, tous les deux. »

« Non, Narim. Ce n’est pas une simple aventure. Jack et moi… on s’aime. Je suis désolée, ajouta t-elle comme elle vit le visage de Narim se contracter. »

« C’était de lui, et non de Martouf que vous parliez, la dernière fois, n’est ce pas ? »

« Oui. »

« Mais Sam, vous méritez mille fois mieux que lui ! Vous êtes jeune, intelligente, pour une Tauri, et lui… »

« Lui, coupa Sam, il est tout ce que je désire. Il n’est sans doute pas un scientifique, mais il a une intelligence militaire, du charme à revendre, un sens de l’humour adorable. Il est… Il a… Je l’aime, c’est comme ça. »

« Vous croyez qu’il peut vous rendre heureuse ? »

« Il me rend heureuse. »

« Je ne comprends pas. Jamais je n’aurais pensé qu’une femme intelligente comme vous puisse aimer un homme d’intelligence moyenne comme O’Neill. »

« Narim, j’aime avec le cœur, et lui aussi. Pas avec mon cerveau. »

« C’est un concept étrange. »

« Vous ne m’aimez pas, réalisa t-elle. Vous êtes attiré par moi, je le sais, mais vous n’êtes pas amoureux de moi, même si vous le croyez. Ma capacité scientifique vous intéresse, car vous en avez rencontré peu, de ma race, qui arrive à saisir les concepts de technologie Tollans ou alien en général. Je serais pour vous, l’élève parfaite, que vous pourriez former de vos mains. Vous ne voyez en moi que la possibilité d’une heure de gloire en faisant d’une terrienne une intelligence capable sinon d’égaler, du moins d’approcher celle des Tollans, une fois formée. »

« Je ne m’en rendais pas compte… C’est… possible. »

« C’est la vérité, Narim. Vous le verrez bien, un jour. J’espère que nous resterons bons amis, malgré tout. »

« Je l’espère, Samantha. Le genre d’amour que vous éprouvez pour Jack O’Neill, nos légendes en parlent, mais nous avons toujours cru qu’il ne s’agissait que de contes pour les enfants. Sur Tollana, aucun de nous ne sait aimer ainsi. J’espère que vous serez heureuse. »

« Je le suis. Narim, je suis vraiment désolée. »

« Vous ne devez pas. Allons retrouver les autres. »

Le soir, après le dîner, Sam raconta à Jack son entrevue avec Narim. Ils étaient soulagés que la situation était claire pour les autres. Leur liaison n’étant plus un secret pour personne, ils ne se cachèrent plus. Ils dormirent ensemble, cette nuit-là.

L’équipe d’archéologues perdus arriva dans la matinée suivante. Les réparations étant presque achevées, ils racontèrent aux autres que leurs propre vaisseau avait refusé de redémarrer. Ils s’étaient résignés à attendre les secours.

Deux jours plus tard, Sg1 franchit la porte des étoiles et retrouva le général Hammond qui les attendait, anxieux de savoir comment s’était passée leur mission.

« On en voudrait plus comme ça, général, dit Jack, avec un sourire. »

« Tout s’est bien passé ? »

Au briefing, ils racontèrent ce qui était arrivé, mais omirent le côté sentimental, qui, sauf pour Teal’c, avait été important pour chacun d’eux. Cependant, Hammond remarqua bien que les deux officiers, l’archéologue et le médecin n’arrêtaient pas de sourire béatement et il se demanda s’ils n’avaient pas contracté un virus alien. Seul Teal’c avait l’air normal. Quand ils sortirent de la salle de réunion, il secoua la tête, en se demandant à quoi il devait s’attendre…

FIN

 

 

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