Un couple dans la tourmente
(suite de « oublis » et « une vie nouvelle »)


Auteur :Akhésa
E-mail : Akhesa_fr@hotmail.com
Résumé : Le couple et leurs amis résisteront-ils à la tragédie qui les
frappe ?
Spoiler :Le film et je ne sais pas trop pour le reste désolée.
Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, et vous
connaissez la suite


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Jacob
Elle se tient droite, ma petite fille, dans son manteau noir. Ma fille qui
est maintenant une femme, un mère ravagée par la douleur d'avoir perdu
son
enfant. Elle n'a plus dit un seul mot depuis qu'on a mit
l'enfant en bière. Elle fixe le tout petit cercueil blanc qui descend
lentement dans le sol. A ses côtés, son mari, le visage aussi fermé que le
sien. J'ai essayé de parler à Jack, hier et ce matin encore. Mais
aucune parle ne semble l'atteindre. Il ne m'a dit qu'une
chose : « j'ai tué mes deux enfants. »
Et Sam qui se sent elle aussi coupable de la mort de leur petite Charlotte.
Ils avaient décidé de l'appeler comme ça, en souvenir ce frère aîné
qu'elle n'aurait jamais connu. Je préfère penser,
aujourd'hui, que Charlie et ma femme étaient là pour accueillir notre
petit ange.

Cassandra
C'est aujourd'hui que nous enterrons le bébé de Sam et de Jack.
Je n'arrête pas de pleurer. Je pleure pour Sam et Jack, qui eux, en
sont incapables. La douleur sèche fait plus mal. C'est si triste de
voir descendre un cercueil si petit ! Les bébés ne devraient pas être
enterrés. Les bébés, ça doit gazouiller, pleurer parce qu'ils ont faim
ou qu'ils veulent qu'on les prenne dans les bras, les bébés, ça
devraient nous attendrir par leurs mimiques, et pas nous faire pleurer parce
qu'ils sont partis.
Et moi j'en veux à l'univers entier. J'en veux aux
Goa'uld, parce qu'ils ont tué mon peuple et plein de bébés sur
ma planète et sur d'autres. J'en veux aux Tok'ras, parce
qu'ils n'ont pas pu le bébé de Sam, j'en veux aux Asgard
pour la même raison : Thor sait toujours où nous trouver, quand il a besoin
de notre aide, alors pourquoi il n'était pas là, quand il faut sauver
la vie du bébé de ceux qui ont sauvé son monde ? Je m'en veux, parce
que je ne sais pas comment aider Sam et Jack.
Daniel nous soutient maman et moi. Maman s'en veut aussi,
d'avoir dû forcer Jack à choisir entre Sam et Charlotte et de
n'avoir pas pu sauver les deux.

Janet
Tout ça est ma faute. J'aurais dû trouver un moyen pour sauver cet
enfant. Mais j'ai tout essayé Tout. Je n'ai pas vu de
solution. Sam ne m'a plus adressé la parole depuis que je le lui ai
annoncé. Je ne peux m'empêcher de pleurer à chaudes larmes, alors que
le cercueil descend dans la tombe. Voilà le berceau de la petite Charlotte
O'Neill. Une tombe froide. Jamais ses petits yeux ne verront la
lumière du jour. Ma faute. Comment ferais-je, désormais, pour oser croiser
le regard de Sam ou celui de Jack ? J'ai tué leur bébé. Jacob
est le premier à jeter une poignée de terre. Sam n'a pas bougé.
Teal'c la conduit d'une main douce vers la tombe. Elle lance une
rose blanche à sa petite fille. Jack, qui la suit, fait de même. Leurs yeux
ne se croisent pas. Ils ne se touchent pas. Ils retournent à leurs place et
la cérémonie continue.

Teal'c
Les Tauris qui sont venus à l'enterrement de Charlotte O'Neill
défilent maintenant devant O'Neill et le major Carter. Ils disent : «
toutes mes condoléances ». Je n'ai rien dit, j'ai juste serré
leurs mains et je suis resté près d'eux. J'ai toujours peur que
le major Carter ne tombe d'un moment à l'autre. Elle est pâle et
paraît tellement fragile. O'Neill n'est pas en meilleure forme,
et Jacob Carter s'est mis avec lui. Le défilé vient de se terminer, et
Jacob Carter propose au colonel et à sa femme de les ramener chez eux. Il
demande à Daniel Jackson de nous y emmener, Cassandra, le docteur Fraiser et
moi.
Depuis deux jours, tout le monde s'accuse de ce qui s'est passé.
Ce n'était qu'un accident. Personne ne semble l'admettre.
Mais s'il le faut, j'emploierais la force pour qu'ils
arrêtent de culpabiliser. Je ne tiens pas à ce que cette tragédie détruise
l'amitié qui unit tous.

Hammond
Je suis dans la voiture que conduit Jacob. Derrière, Sam et Jack n'ont
pas dit un mot. A croire qu'ils sont devenus muets depuis
l'accident. Cette tragédie nous peine tous. Nous attendions tous la
venue de cet enfant comme une bénédiction. Sam et Jack auront besoin de
temps. Je sais que Sam demandera à retravailler dès demain, pour oublier,
mais je pense plutôt que le couple a besoin de se retrouver pour parler à
cœur ouvert. J'aviserai.
Voici la maison des O'Neill. Nous y entrons. Janet Fraiser est mal à
l'aise. Je sais ce qui se passe dans sa tête. Mais elle n'y est
pour rien, pas plus que Sam ou Jack. Mon Dieu ? Où cela va t-il nous mener ?

Daniel
Jacob nous a servi quelques boissons. Sam a disparu, aussitôt notre entrée
dans la maison. Jack est assis dans un fauteuil, et son regard est perdu
dans le vide. Janet est assise dans un coin de la salle à manger, comme si
elle voulait se cacher. Cassandra et moi, nous ne savons quoi faire de nos
corps, à l'heure actuelle. La tension qui est dans cette maison est
pesante. Il faut faire quelque chose. Cassandra me murmure à l'oreille
:
« Je vais voir Sam. »
J'approuve de la tête et je me dirige vers Jack. Je vais essayer de
lui parler.

Cassandra
Je sais où trouver Sam. Il n'y avait qu'un endroit où elle peut
être. Je pousse doucement la porte de la chambre de Charlotte. Je les avais
aidés à la décorer. C'est une merveille de chambre de bébé, remplie de
peluches. Sam fixe le petit berceau vide. Ses mains, posées sur le bois,
font bouger le lit, comme si voulait bercer un enfant qui s'y
trouverait. Je m'approche d'elle.
« Sam ? »
Elle tourne lentement la tête vers moi. Ses yeux sont remplis de douleur.
Pour la première fois depuis ce matin, elle pleure. Maman m'a dit
qu'elle n'a pas pleuré, pas une seule fois. Elle a hurlé, mais
pas une seule larme n'était sortie. Je crois que cette fois, devant le
berceau vide, ce berceau où Charlotte ne dormira jamais, elle peut enfin
laisser libre cours à son chagrin. Je l'attire vers moi et je la serre
dans mes bras.
« Pleure, Sam, ça aide, de pleurer. »
Et ces larmes, ces sanglots qu'elle retenait depuis la mort de son
bébé, elle les verse sur mon épaule, violents, saccadés.
« Mon bébé&, mon bébé »
Je la laisse pleurer et je pleure avec elle. Quand enfin, elle se calme,
elle s'éloigne de moi, l'air hagard.
« Je suis désolée, Cass.
- Il n'y a pas de quoi, Sam. Il fallait que ça sorte.
Elle s'éloigne vers la fenêtre et regarde la neige tomber. Son doigt
dessine sur la vitre.
- Tout est blanc pour ma petite fille, murmure t-elle. Ma petite
Charlotte.
De nouveau les larmes.
- Cassandra, j'ai tué mon bébé !
- Sam ! Sam, non ! et tu le sais... Tout ceci n'était qu'un
stupide accident.
- J'ai tué mon bébé.
- Sam, regarde-moi : tu n'as pas tué Charlotte, tu m'entends ?
Personne ne l'a tuée.
- Je ne sais pas.
- Viens avec moi en bas. Tu sais, ton père et le général s’inquiètent
pour toi. Et Jack aussi. Viens.
- Jack ? Cassandra, j'ai tué son enfant !
- Viens.
De force je l'entraîne au rez-de-chaussée, où les choses ne semblent
pas avoir évolué.


Daniel
Cassandra redescend, guidant Sam par la taille. Jacob va accueillir sa fille
et la serre dans ses bras. Pendant ce temps, Cassie va auprès de Jack et lui
prend la main. Elle aura peut-être plus de chances que moi. Elle lui dit
quelque chose tout bas, et il lève la tête vers Sam. Leurs regards se
croisent enfin. Pour se détourner aussitôt. Jacob emmène sa fille vers le
canapé. Elle ne nous a pas regardé.
- Sam, Jack, nous savons tous ce que vous ressentez, dit le général. La
perte d'un enfant est terrible. Et nous tenions à vous dire que nous
étions tous de tout coeur avec vous.
Aucun des deux ne répond.
- Ecoutez, dit Cassandra, je ne sais pas si c'est le moment, mais je
crois que si nous laissons les choses traîner, elles vont s'empirer.
Nous devons, vous devez parler de ce qui s'est passé ou cela nous
empoisonera tous.
- Cassandra a raison.
Je me retourne à la voix de Teal'c. Il a un air déterminé.
- O'Neill, major Carter, je sais que vous traversez une épreuve
difficile. Mais il ne faut pas vous culpabiliser.
- Qu'en savez-vous, Teal'c ? Votre fils est en vie, vous !
- Sam !
- Oui, Janet ? C'est bien beau de faire la morale, après coup.
Pourquoi as-tu laissé mourir mon bébé ?
Je me rapproche de Janet, et je la prends dans mes bras, alors qu'elle
s';effonfre de douleur sous les mots de Sam, secouée par les sanglots.
Sam s'est levée et nous regarde tous tour à tour.
- Vous prétendez tous savoir ce que je ressens. C'est faux ! Jamais,
jamais vous ne saurez !
- Tu oublies que moi, je le sais. J'ai perdu mes deux enfants, crie
Jack.
Elle ne répond rien, elle le regarde avec effarement. Elle tombe à genoux
sur le sol et elle est secouée de sanglots à son tour. Jack se lève et va
vers elle. Il se pose à côté d'elle et la berce. Il me regarde et dit
d'une voix brisée :
-Laissez-nous, s'il vous plaît. Nous avons besoin de parler. On
vous retrouve chez Janet ce soir.
- Ok, approuve Jacob. Nous avons tous besoin d'un peu de temps. Mais
nous avons tous à parler. A ce soir chez Janet.


Jack
Ils sont partis. Sam continue à sangloter. Mes propres larmes, que je
retiens depuis le drame coulent aussi. Mais nous devons parler. Je ne veux
pas revivre la même chose qu'avec Sarah. Je ne veux pas la perdre.
C'est pour la sauver que j'ai fait le choix de sacrifier la vie
de notre bébé.
« Sam, je suis désolé.
- Je m'en veux tellement, Jack.
Posant un baiser sur ses cheveux, je resserre mon étreinte.
- Tu n'as pas à t'en vouloir, chérie. C'est'est moi qui ai pris la décision.
- Pour me sauver ! Jack, c'est ma faute. J'ai été stupide
avec Janet et Teal'c. Je suis trop horrible, Jack.
- Non Sam, il est normal que tu en veuilles à tout le monde.
Mais ce n'est pas la bonne solution. Je sais de quoi je parle, tu sais
?
L'ombre d'un sourire sur ses traits.
- Je ne veux pas te perdre aussi, Jack.
- Tu ne vas pas me perdre, mon amour. Je te le promets. Je
t'aime.
- Je t'aime aussi, Jack. »

Sam
Jamais je ne serais plus la même. La perte de mon bébé sera à jamais gravée
en moi. Je me suis accusée, j'ai accusé Janet, j'en voulais au
monde entier d'avoir des enfants en vie alors que ma petite fille
n'aura connu de ce monde qu'une tombe, ouverte par une froide
journée de février.
L'après-midi qui a suivi l'enterrement, je me suis disputée avec
Janet et Teal'c. Je ne pouvais être objective. J'avais peur du
jugement de Jack. Je pensais être celle qui, une fois de plus, lui avait
arraché un enfant. Je lui en voulais aussi d'avoir choisi de me sauver
la vie, tout comme j&'avais peur qu'il ne me fasse payer ce
choix. Nous en avons discuté jusqu'à la tombée de la nuit. Nous avons
évoqué Charlotte, Jack a aussi parlé de Charlie. Si nous ne nous étions pas
soutenus, pendant l'enterrement et les jours qui l'ont précédés,
c'était parce que, l'un comme l'autre, nous avions peur
d'être rejeté, d'être celui sur lequel la faute tomberait. Nous
aurions pu nous perdre, si nous n'avions pas parlé. J'aurais
peut-être été tentée de fuir, une fois de plus.
Ce soir-là, malgré notre désir de rester à la maison, nous nous sommes
rendus chez Janet, comme prévu. Il fallait crever l'abcès. Janet et
moi nous avons pleuré dans les bras l'une de l'autre, nous
demandant mutuellement pardon. J'étais la seule à blâmer pour mon
attitude. Tout étant rentré dans l'ordre, nous sommes rentrés chez
nous assez tôt.
Même si, au début, ce ne fut pas facile, l'ambiance entre nous tous
est redevenue la même, les liens renforcés par le drame traversé, il y a six
mois. Janet et Daniel se sont mariés hier. Jack et moi étions les témoins.
Aujourd'hui, mon mari et moi avons programmé un pique-nique en
amoureux au Garden of the Gods, le célèbre parc de Colorado Springs. Malgré
l'affluence touristique, en cette chaude journée d'août, nous
trouvons une place assez retirée du passage. Une nouvelle vie s'ouvre
devant nous.

Epilogue, six mois après ce pique-nique :
Général Hammond, s'adressant au personnel du SGC :
« Mesdames et messieurs, j'ai l'honneur de vous annoncer que les
deux premiers du SGC sont nés à quinze minutes d'intervalles. »
Un tonnerre d'applaudissement dans la salle d'embarquement. Le
général continua :
« Nicolas Jackson et Elisabeth O'Neill sont en parfaite santé ainsi
que leurs mamans. Pour l'instant leurs pères sont encore évanouis,
mais on vous donnera bientôt des nouvelles. »

FIN


 

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